Le Président de la Transition encourageant les opérateurs économiques au travail!
Par Georges Patrick Junior Nzamba
L’annonce du Chef de l’État, S.E. Brice Clotaire Oligui Nguema, de débloquer 30 milliards de FCFA pour régler une partie de la dette intérieure des entreprises du BTP, a suscité de nombreuses réactions. Si cette initiative semble être un soulagement pour les acteurs du secteur, elle pose également des interrogations sur la viabilité et l’ampleur de cette mesure face à une dette bien plus colossale.
Un secteur asphyxié par les impayés: Depuis plusieurs années, les entreprises du BTP au Gabon traversent une crise financière sans précédent, principalement due aux impayés de l’État. De nombreuses structures ont été contraintes de réduire leurs effectifs, de suspendre leurs chantiers, voire de mettre la clé sous la porte. En ce sens, l’annonce des 30 milliards de FCFA apparaît comme une bouffée d’oxygène pour les entreprises en détresse.
Cependant, selon des sources proches du secteur, la dette intérieure des entreprises du BTP dépasserait largement ce montant, certains évoquant un chiffre avoisinant les 300 milliards de FCFA. Dans ces conditions, la somme annoncée par le Président de la Transition ne représenterait qu’une goutte d’eau dans un océan de créances accumulées.
Une solution conjoncturelle, mais qu’en est-il des réformes structurelles? Si le règlement partiel de la dette est une mesure bienvenue, il ne saurait suffire à résoudre les problèmes structurels qui gangrènent le secteur du BTP. En effet, plusieurs entreprises dénoncent le manque de transparence dans l’attribution des marchés publics, les retards chroniques de paiement et l’absence d’un plan de financement durable pour les infrastructures.
Pour éviter que cette situation ne se reproduise, des réformes en profondeur sont nécessaires. Il s’agirait notamment de :
Mécaniser les paiements afin que les entreprises ne dépendent plus des annonces ponctuelles du gouvernement ;
Renforcer le contrôle des marchés publics pour éviter le favoritisme et la corruption qui plombent le secteur ;
Mettre en place un fonds de garantie pour le BTP, permettant aux entreprises de disposer d’une ligne de crédit en cas de retard de paiement de l’État.
Un test pour la crédibilité du gouvernement de Transition: Au-delà du geste financier, cette annonce constitue un test crucial pour la crédibilité du gouvernement de transition. Les entreprises du BTP et l’opinion publique attendent désormais des actes concrets, notamment sur les modalités de répartition des 30 milliards de FCFA.
Qui seront les bénéficiaires ? Comment s’assurer que cet argent servira réellement au redressement du secteur ? L’État gabonais sera-t-il en mesure d’éponger le reste de la dette ? Autant de questions qui restent en suspens.
En définitive, si cette annonce peut être perçue comme un signal positif, elle ne saurait masquer la nécessité d’une refonte globale du modèle économique du BTP au Gabon. Une relance durable passe avant tout par des réformes profondes, sans quoi ces 30 milliards risquent de n’être qu’un simple palliatif à un problème bien plus vaste.