Lauréat du « grand prix de la Francophonie » décerné par la Francophonie et le Smithsonian Associates à Washington DC, aux USA en février 2025, Alban Désiré Afene, romancier, nouvelliste et poète gabonais, a été récompensé pour son parcours littéraire. Avec une quinzaine d’œuvres publiées en quinze ans, il incarne la nouvelle génération d’écrivains gabonais engagés. Il reproduit dans ses romans le vécu au quotidien et explore l’au-delà. C’est le nouveau porte-flambeau de la littérature dans l’espace francophone. De retour récemment des USA où il a réceptionné son prix, Alban Désiré Afene, dans une interview exclusive, nous parle ici de ses œuvres, de son avenir et nous situe sur le progrès de la littérature gabonaise.
Propos recueillis par Aryse Nguema
Tendance Gabon : Qui est Alban Désiré Afene?
Alban Désiré Afene : Je suis écrivain de nationalité gabonaise, auteur de plusieurs romans sociaux, nouvelles et recueils de poésie. Depuis la publication de mon premier roman, « Essola« , aux éditions l’Harmattan, en septembre 2010, ma bibliographie s’est enrichie d’une quinzaine d’ouvrages. Ce qui me place aujourd’hui parmi les écrivains contribuant au rayonnement de la littérature gabonaise.
Je suis devenu écrivain principalement afin d’aller à la rencontre de l’autre, d’apprendre de lui, mais également de le divertir et de l’enrichir par mes observations au sein d’une société où l’écoute mutuelle tend à se raréfier. Je suis convaincu que nous avons beaucoup à apprendre les uns des autres. Ce qui explique que je place l’Homme, dans sa relation à lui-même et aux autres, au cœur de ma réflexion littéraire, quels que soient les thèmes ou les genres abordés.
Mes œuvres s’intéressent essentiellement au tissu communautaire, en mettant en lumière les obstacles qui entravent notre progression vers un avenir meilleur et la possibilité d’un vivre-ensemble harmonieux.
Mon parcours littéraire a été récompensé en février par le « Grand prix de la Francophonie » décerné par le comité de la Francophonie et le Smithsonian Associates à Washington D.C., aux États-Unis.
Vous venez de mettre sur le marché un nouveau roman : « Et si Charles m’était conté ». De quoi est-il question ici ? Pourquoi Charles et non Obame ou Nzigou ?
Il ne s’agit pas d’un nouveau roman. « Et si Charles m’était conté » a été publié en 2021. Ma publication la plus récente est un recueil de quatre nouvelles mystiques qui explorent la frontière entre le bien et le mal, ainsi que celle qui sépare le monde des vivants de celui des morts.
Concernant le roman « Et si Charles m’était conté« , l’un des personnages principaux se nomme Charles, et non Obame ou Nzigou, tout simplement parce que l’histoire ne se déroule pas au Gabon. De plus, ce prénom, issu de l’héritage colonial, m’a semblé approprié. L’intrigue se situe au Nigeria, plus précisément dans les villes de Lagos et Abuja, et débute avec le suicide d’Olusegun Ibikunle Akintola, un homme politique nigérian qui met fin à ses jours en pleine campagne électorale alors qu’il était largement pressenti pour devenir le prochain gouverneur de l’État de Lagos.
Le silence qui s’installe au sein de la classe politique nigériane, du parti qu’il représentait ainsi que celui de sa propre famille suscitent des interrogations et laissent penser qu’il pourrait s’agir d’un assassinat déguisé en suicide.
Désireuse de comprendre les tenants et les aboutissants de cette tragédie, Morenike Iretiola Jalade, journaliste et entrepreneure dans le domaine de la communication, décide de mener sa propre enquête. Celle-ci lui permettra de découvrir les raisons qui ont poussé cet homme politique à mettre fin à ses jours.
Ce roman est un drame politico-social qui aborde un sujet délicat souvent source de divisions au sein des États, des communautés et des familles à travers l’histoire de Charles Eyitayo Obadara, avocat et homme d’affaires, et de Morenike Iretiola Jalade, journaliste et entrepreneure.
Quelle place pour le Gabon dans la littérature africaine d’aujourd’hui ?
Un rang de choix ! La littérature gabonaise a fait un bond remarquable. Depuis la fin des années 1980, une nouvelle génération d’écrivains, à laquelle j’ai l’honneur d’appartenir, a contribué à enrichir la littérature gabonaise. Leur style d’écriture, plus fluide, ainsi que les thématiques innovantes qu’ils explorent apportent un souffle nouveau. Ceci pour dire qu’elle voyage au-delà des frontières et s’installe confortablement parmi les grandes voix littéraires, même si, en coulisses, il reste encore un vaste chantier à mener pour sublimer cet art qui, hélas, reste souvent le grand oublié du paysage culturel.
Et pour conclure (vos perspectives d’avenir)
Poursuivre ce palpitant voyage des lettres et des mots que j’ai commencé en septembre 2009 avec la parution de mon premier roman, « Essola », tant que la muse de l’inspiration ne me trahit pas…
ENCADRE :
Bibliographie
« Une étrange saison sèche« , roman, Amazon 2020
« Et si Charles m’était conté« , roman, Amazon 2021
« L’amant de Sangomar« , roman, Amazon 2022
« Lettre à ma rivale« , roman, Amazon 2023
« Homicides 241« , série de romans policiers :
– Meurtre à Tahiti, tome 1, Amazon 2017
– A l’ombre des crimes rituels, tome 2, Amazon 2018
– Les flammes du châtiment, tome 3, Amazon 2019
– Le dernier voyage, tome 4, Amazon 2020
– Le dossier 13, tome 5, Amazon 2021
– Retraite fatale, tome 6, Amazon 2022
– L’avocat du diable, tome 7, Amazon 2023
-Dans le ventre de la nuit
-Vieillir n’est pas un dû, juste une faveur du ciel
-« Essola ».
