Par Annie Mapangou
Le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche Scientifique et de l’Innovation Technologique, Professeur Hervé Ndoume Essingone, a fait un bilan non exhaustif des actions et réalisations de l’année universitaire antérieure (2023-2024), à l’occasion de la cérémonie solennelle de la première Rentrée académique dans l’univers universitaire de notre pays.
A la prise de ses fonctions, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche Scientifique et de l’Innovation technologique a constaté que le système universitaire était confronté à trois défis majeurs, à savoir: ‘’infrastructurel, de la gouvernance et celui de la vie estudiantine.’’
Sur le plan infrastructurel, l’université gabonaise dans son ensemble, souffre d’une infrastructure vieillissante, vétuste, manquant de modernité par une absence de réhabilitations depuis plusieurs années. A cet effet, il y a eu de nouvelles constructions et également l’équipement et la numérisation, des amphithéâtres, des salles de classes, des laboratoires, des restaurants, des espaces sportifs et socioculturels.
Le stress infrastructurel se trouve ainsi amplifié par un nombre sans cesse croissant d’étudiants notamment les admis aux sessions du Baccalauréat, dont le chiffre a atteint lors de la session 2024, est de 22 308 admis contre une capacité d’accueil de 16 215 places dans l’ensemble des établissements publics d’enseignement supérieur. Aujourd’hui ce sont près de 60.000 étudiants qui sont inscrits dans les Universités et Grandes Ecoles, dont près de 9000 dans les établissements privés.
C’est dans ce contexte que le Président de la Transition, Président de la République, Chef de l’Etat, Son Excellence le Général de Brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, a fait une dotation spéciale de 13 milliards de FCFA pour soulager les universités et institutions de recherche.
Selon le Professeur Hervé Ndoume Essingone, ce budget a permis à ce jour les réalisations suivantes :
- La réhabilitation intégrale de l’Université des Sciences et Techniques de Masuku (USTM) et de ses résidences universitaires ;
- De lancer la construction des nouveaux amphithéâtres et salles de classe dont les chantiers visibles, sont appelés à s’achever au cours de cette année académique 2024-2025. Plusieurs établissements sont ainsi concernés : l’Université Omar Bongo (UOB), l’Université des Sciences de la Santé (USS), l’Institut National des Sciences de Gestion (INSG), l’Ecole Normale Supérieure (ENS), l’Ecole Normale Supérieure d’Enseignement Technique (ENSET), l’Institut Universitaire des Sciences de l’Organisation (IUSO) ;
- Le CENAREST n’est pas en reste, puisqu’il a bénéficié de la construction d’un bâtiment R+1 devant abriter les locaux de l’Institut de Recherches en Sciences Humaines (IRSH) ;
- Cinq (5) Espaces Numériques Ouverts (ENO), qui sont des salles de classes hyper connectées pour permettre un enseignement bimodal, c’est-à-dire en présentiel et en distanciel, ont été construits, aménagés et équipés à l’Université des Sciences de la Santé (USS), à l’Université Omar Bongo (UOB), à l’Institut National des Sciences de Gestion (INSG), à l’Ecole Normale Supérieure (ENS), à l’Ecole Normale d’Enseignement Technique (ENSET). Toujours avec la dotation spéciale du Président de la République, dans le souci d’inscrire irrémédiablement l’enseignement supérieur dans la modernité, en donnant un fonctionnement effectif et réel au projet de l’Université Numérique du Gabon. L’originalité de cette université est celle de servir la pédagogie avec le Numérique dans les programmes de formation de l’Université Numérique du Gabon, mais, également la pédagogie avec le numérique dans les programmes d’enseignement et de recherche au sein de ces espaces.
Cependant, le Centre Universitaire Provincial de l’Ogooué Lolo (CUPOL) créé à l’occasion, démarrera ses activités à la fin de ce mois d’octobre 2024.
De ce fait, ce sont près de 200 étudiants issus des séries technologiques qui intégreront l’Institut Universitaire des Sciences et Technologie Paul Kouya, en vue de préparer un Diplôme Universitaire de Technologie dans les filières suivantes : chimie industrielle, architecture et éco-construction, génie thermique, productique mécanique…
Un Centre universitaire est une institution universitaire constituée par la réunion de plusieurs établissements d’enseignement supérieur. Il présente l’avantage d’être plus souple dans sa gouvernance, qu’une université, mais surtout, bénéficie de l’appui d’une université existante en raison de la tutelle académique que celle-ci assure.
Raison pour laquelle, le Centre Universitaire Provincial de l’Ogooué Lolo (CUPOL) est sous la tutelle académique de l’USTM, ce qui a facilité l’élaboration des curricula de formation, la mise en place de la gouvernance académique, et, ce sont les enseignants de l’USTM qui vont à titre principal, animer les cours dans les différents programmes de formation.
Des Universités de Mouila et d’Oyem en construction: Aussi, toujours dans la même vision de l’université territoire, le Président de la Transition a lancé la construction des Universités des villes de Mouila, et d’Oyem. Les entreprises sont à pied d’œuvre pour leur réalisation. En outre, il a ordonné la relance des travaux des universités du Cap-Estérias et de Port-Gentil dont les travaux étaient jusque-là, en arrêt. Au mois de juin dernier, il a posé la première pierre du Centre Universitaire Provincial du Moyen-Ogooué (CUPMO) qui abritera le siège de l’Université Numérique.
Plus tard, ce seront toutes ces infrastructures qui permettront d’accroître les capacités d’accueil, de diversifier les offres de formation, d’améliorer l’attractivité de nos Instituts d’Enseignement Supérieur, et sédentariser nos bacheliers, de plus en plus jeunes dans notre pays et dans leur environnement social.
Le second défi est celui de la gouvernance, qu’elle soit académique, financière, organisationnelle et réglementaire, plusieurs actions ont été menées dans ce sens durant l’année académique 2023-2024. Elles traduisent ainsi le dynamisme de notre écosystème universitaire et la capacité de résilience de ses acteurs.
Par rapport au défi de la gouvernance académique, on peut dire que deux voies de progrès sont parfaitement remarquables en ce début d’année : la révision des programmes de formation en vue de l’abandon et l’ouverture de nouvelles filières, d’une part, la structuration en vue de sa stabilisation du calendrier académique, d’autre part.
En effet, tous les établissements d’enseignement supérieur ont procédé à la révision de leurs offres de formation, afin de les rendre plus attractives, plus adéquates avec le marché de l’emploi et plus globalement de la demande sociale.
En dehors de la création de nouveaux programmes de Licence, Master dans les établissements, les formations doctorales, ont été organisées et regroupées au sein de 3 écoles doctorales dans nos 3 grandes universités que sont : l’UOB, l’USTM et l’USS, le tout en lien avec l’ensemble des instituts de recherche du CENAREST, du CERMEL et du CIRMF.
On note avec satisfaction, l’arrivée de nouveaux établissements de formation pour offrir un éventail plus large et accueillir des profils de bacheliers en errance ces dernières années.
C’est dans ce cadre que l’Institut Universitaire de Technologie Paul Kouya du CUPOL, la Faculté de Médecine et des Sciences de la Santé (FMSS) et l’Ecole des Sciences Vétérinaires ont été créées au sein de l’Université des Sciences et Techniques de Masuku (USTM).
Ces deux (2) établissements reposent sur des synergies avec la Faculté de Médecine de Libreville, Le CIRMF notamment son Centre de Primatologie pour l’Ecole Vétérinaire.
Ils ouvrent davantage de perspectives aux bacheliers scientifiques, renforcent la formation en santé humaine et animale, et constituent pour l’Ecole Vétérinaire, un support important pour le secteur agricole notamment l’élevage et la gestion de la faune de nos parcs nationaux. Un bassin universitaire de grande dimension se construit progressivement dans le sud-est du Gabon.
A partir de cette rentrée académique, l’Université Omar Bongo a lancé, une Faculté des Sciences Appliquées. Elle vient ainsi se rajouter à la FLSH et la FDSE pour densifier cette institution mère. Au regard du pourcentage élevé des admis au baccalauréat des séries A1 et B, soit 70% des bacheliers, il était plus que nécessaire de trouver une alternative de formation crédible et porteuse de perspective à ces jeunes. Ainsi, des bacheliers des série A1 et B, intéressés par des études de sciences appliquées dans les domaines du social, de la terre, de l’agroalimentaire, de l’environnement, trouveront dans cette Faculté des formations à fort potentiel après, naturellement, une période de renforcement des connaissances scientifiques.
La seconde voie de progrès remarquable est celle de la « structuration en vue de sa stabilisation de notre calendrier académique ». Issu des recommandations des Assises sur le LMD que Monsieur le Premier ministre a présidées en Mars 2024 et de la Conférence des Recteurs, le calendrier académique est désormais structuré autour des bornes suivantes : une année académique subdivisée en deux périodes : une grande période (grande saison) ou période régulière et une petite période (petite saison) ou période de rattrapage. Chaque période est divisée en deux semestres.
Ainsi la période régulière court de septembre à avril, avec 2 semestres (septembre-octobre-novembre-décembre) puis (jan-février-mars-avril). S’y déroulent : cours, TP, TD, soutenances, stages, contrôle, examen…
Tandis que la période de rattrapage court de mai à juillet. S’y déroulent, cours, TP, TD, Soutenances, stages, contrôle, examen…de rattrapage pour les UE non validés durant la période régulière…
«Les Universités et Grandes Ecoles doivent ainsi fermer durant tout le mois d’Août et j’ajoute les campus universitaires également, pour assurer durant les vacances l’entretien nécessaire ».
Le défi de la vie étudiante: «Le troisième et dernier défi est celui de la vie étudiante étant donné que, toutes les actions en faveur des infrastructures, de la gouvernance académique et de l’engagement éthique des enseignants-chercheurs et chercheurs, ont pour objectifs de créer en sa faveur un environnement de travail digne», a souligné le ministre.
«Par ailleurs, l’ouverture des campus de l’USTM, de l’UOB et de tous les efforts en cours pour assurer une restauration aux étudiants vont dans le même sens, bien que nous constatons que tout cela est encore insuffisant, aujourd’hui face à une population de 60.000 étudiants ».
Pour le Professeur Hervé Ndoume Essingone, «C’est donc un plaidoyer en faveur de plus de moyens pour l’Enseignement supérieur, afin de ne pas «essayer l’ignorance» pour reprendre Abraham Lincoln. Nous espérons également que ce plaidoyer trouve une écoute favorable auprès de nos partenaires au développement ici présents »
S’adressant particulièrement aux enseignants-chercheurs et chercheurs dont la place et le rôle sont déterminants dans le fonctionnement, l’image et la crédibilité de tout enseignement supérieur, le ministre les a invités à rester dignes et fiers de leur métier. «Le caractère sacerdotal de notre métier est plus que nécessaire en cette période de restauration, où, toute une génération de jeunes gabonais, mais aussi de professionnels de tout niveau, a besoin de savoirs, d’être éduqués, formés, et c’est vous qui en détenez la clé ! N’ayez pas honte de vos grades CAMES, cette grande et noble institution que nos pères fondateurs ont élevée pour que la face de l’Afrique académique et scientifique soit visible aux yeux du monde… »
Il est important de souligner que ce sont tous ces progrès, réalisés en une année, qui montrent que «notre écosystème est dans une dynamique de reconquête de sa crédibilité d’antan. Cela n’a été possible que grâce à la mobilisation et l’adhésion de femmes et d’hommes compétents, rompus à la tâche, dotés d’un esprit d’abnégation et partageant une communauté de valeurs», a conclu le Professeur Hervé Ndoume Essingone.
Nos images: La résidence des étudiants de l’UOB qui a été entièrement refaite (1), l’USTM a été réhabilité (2).