A treize jours de la fin des travaux du Dialogue National Inclusif, l’Honorable Bertrand Zibi Abeghe donne son point de vue sur ce qui se passe à Angondjé dans le cadre des travaux du Dialogue National Inclusif et réagit également sur un aspect non-inscrit, ayant trait à la mise en place d’une Commission Vérité et Réconciliation, mais nécessaire, afin de panser les plaies, demain et au regard des voix qui s’élèvent sur la question ici et là !
Propos recueillis par Aryse Nguema
Question : A treize jours de la fin des travaux du Dialogue National Inclusif, quelle analyse faites-vous, Honorable ?
Réponse : – Contrairement à ce que nous pensions au départ, ou que certaines personnes ont imaginé. Ici à Angondjè on a affaire à un véritable Dialogue National Inclusif, au regard du niveau des travaux, la hauteur des débats. Pour moi, c’est un Dialogue National Inclusif qui a tout son sens. Vous avez ici à Angondjè, toutes les forces vives de la Nation, qui convergent pour un seul idéal : le Gabon de demain.
Et je peux vous dire que dans les Commissions, les Sous-commissions, les débats sont tellement houleux, que parfois vous avez l’impression d’assister à un match de boxe ! Mieux encore, la particularité de ce Dialogue est qu’il reprend en effectivité les 38000 propositions des Gabonais. Ça, il faut que nous le comprenions. Ce sont les 38 000 propositions des Gabonais qui sont le socle, la base du travail. Avec une seule finalité : le Gabon de demain à mettre en orbite, pour les cinquante ou les cent prochaines années.
-Q: Honorable, que pensez-vous de la mise en place d’une Commission Vérité et Réconciliation ? Des voix s’élèvent pour la demander! Or, ce n’était pas au Programme du Dialogue, que faire ?
R.: -Il ne peut y avoir de repentir, sans confession. Je pense qu’il est tout à fait indiqué de mettre en place déjà les prémisses, pour que lorsque cela va arriver, nous ayons une base. Que nous ne partions pas à zéro. Ce sont des choses qui mettent du temps.
La chose la plus difficile sur terre, c’est de désarmer un cœur! On est là dans un ensemble où tout doit être dit : il y a des crimes visibles, qui sautent à l’œil. Il y en a d’autres, qui sont moins visibles, très pernicieux. Certaines personnes, par exemple, depuis l’accession du Chef de l’Etat précèdent, n’ont plus jamais travaillé.
Depuis 2009, nous avons de hauts cadres qui avaient été démis de leurs fonctions, lors de ce qu’on avait appelé les tsunamis. Le tsunami qui avait été la réforme totale de notre administration. Plusieurs personnalités avaient perdu leurs emplois à cette époque-là. Avons-nous pensé à leurs familles, à leurs tiers?
Il y a eu dans notre pays ce qu’on appelle les crimes rituels. Quand nous étions jeunes dans les années 80, on parlait de la voiture noire ! Est-ce qu’un être humain dépecé en 1980, est différent de lui dépecé hier ? Ce sont des questionnements auxquels, un jour il va falloir apporter les réponses.
Et vous avez d’autres familles qui ont été endeuillées et n’ont jamais fait le deuil de leurs parents: Ndouna Depanaud, Alexandre Mandza Ngokouta, Alphonse Layigui, Bruno Georges Mboulou Beka, Martine Oulabou Mbadinga et tout le reste… Nous nous devons, pour le repos des âmes de ces personnes, d’ouvrir la discussion. Cela fera très mal ! Mais il faut que nous en parlions, pour que le Gabon puisse se construire et prendre une tangente définitive pour le développement. Nous devons impérativement désarmer les cœurs Q :-En tant qu’homme politique, que pensez-vous de la limitation des mandats ?
R: Savez-vous que le Gabon est régi par tout ce qui avait été décidé par les Gabonais en 1990 lors de la Conférence nationale ? C’est en 1990 que nous avons conçu tout ce que nous avons aujourd’hui et qui a été acté ! Ce dont nous sommes en train de discuter aujourd’hui, sera mis en exergue demain. Même si tout n’est pas retenu, le Gabon de demain est en train de se dessiner ici au Dialogue actuellement.
Toutes les Commissions travaillent encore entre elles. Mais en tant qu’acteur politique, je pense que nous avons besoin de limiter les mandats, parce que malheureusement les cimetières sont remplis de personnes qui pensaient être indispensables. Donc, tout le monde doit concourir à l’avènement de notre pays. Nul n’est indispensable !
Le Président Barak Obama, lors de sa tournée africaine, avait déclaré: «L’Afrique n’a pas besoins d’Hommes forts ». Cela veut dire que nous avons besoins d’un Chef d’Etat qui est en harmonie parfaite avec sa population, et là il fera du miracle. Mais, si vous avez un Chef de l’Etat qui vit replier dans un palais et qui n’est pas au courant de ce qui se passe au milieu des siens, ce n’est pas bon! On a besoin d’institutions fortes dirigées par les hommes patriotiques.