Par Junior Nzamba
Depuis l’arrivée au pouvoir du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) en 2023, le paysage politique gabonais a subi une transformation radicale. Autrefois hégémonique, le Parti Démocratique Gabonais (PDG) semble aujourd’hui traverser une crise existentielle sans précédent, marquée par ce que certains n’hésitent plus à qualifier de clochardisation ! Comment expliquer la chute vertigineuse de ce parti qui a régné sur le Gabon pendant plus d’un demi-siècle ? Les propres dirigeants du PDG seraient-ils responsables de cette situation ?
UN PART AFFAIBLI PAR SES PRORES DIRIGEANTS: La dégradation du PDG ne s’est pas produite du jour au lendemain. Les symptômes de son déclin étaient visibles bien avant la prise de pouvoir par le CTRI. Pendant des années, les querelles internes, les luttes de pouvoir et l’absence de réformes structurelles ont sapé la base du parti. Les anciens barons du régime se sont davantage préoccupés de préserver leurs intérêts personnels que de renouveler un parti vieillissant, déconnecté des réalités sociopolitiques du pays.
Les leaders du PDG, dont certains sont encore aux commandes malgré la transition, sont pointés du doigt pour avoir contribué à ce lent processus de clochardisation. Au lieu de favoriser une véritable démocratisation interne et de promouvoir un renouvellement générationnel, ils ont préféré perpétuer un système de clientélisme et de favoritisme. Cette gestion archaïque, centrée sur la préservation des privilèges d’une élite vieillissante, a éloigné le PDG des aspirations populaires, notamment celles de la jeunesse gabonaise.
LE CHOC DU CTRI ET LA RUPTURE TANT ATTENDUE: L’arrivée au pouvoir du CTRI a été perçue par beaucoup comme une opportunité de rompre avec ce système ancien. Sous le régime Bongo, le PDG, malgré ses promesses répétées de réforme, n’a jamais su s’adapter aux exigences de transparence, de bonne gouvernance et de respect des droits démocratiques. La répression des mouvements citoyens, le fait de «museler» les opposants et la gestion opaque des ressources publiques ont peu à peu sapé la légitimité du PDG.
Le coup de libération du pays par le CTRI le 30 août 2023 a mis en lumière l’essoufflement de ce régime politique. Alors que le PDG se désagrège, accusant une gestion autocratique et une perte de vision à long terme, le CTRI, bien qu’encore jeune, se positionne comme l’alternative capable de restaurer les institutions et d’apporter un renouveau à la scène politique gabonaise.
LA FIN D’UN REGNE ET L’INELUCTABLE DISPARITION DU PDG ?
Aujourd’hui, le PDG semble incapable de redresser la barre. Il est en proie à une perte d’influence sur les scènes politiques, médiatiques et sociales. Nombre de ses cadres les plus influents ont, soit quitté le navire, soit été marginalisés, tandis que le parti peine à définir une ligne politique claire dans ce nouveau contexte. Ce qui autrefois était perçu comme un «monstre politique» ne serait plus qu’un «fantôme» errant dans les couloirs du pouvoir.
Le contraste entre l’ancien régime du PDG et le nouveau leadership du CTRI ne pourrait être plus frappant. Alors que le PDG vacille, le CTRI se présente comme une force dynamique, capable de réformer les institutions et de répondre aux aspirations d’une population lassée par des décennies d’immobilisme.
Si la «clochardisation du PDG» est aujourd’hui évidente, elle résulte principalement de la mauvaise gestion de ses propres dirigeants, incapables de réformer un système qu’ils ont pourtant contribué à dégrader. Face à la montée en puissance du CTRI, le PDG semble se diriger inexorablement vers une sortie de scène, laissant derrière lui l’image d’un parti autrefois puissant, désormais en «ruines» !