Les membres du gouvernement entourés d’une forte mobilisation de participants au cours de la journée de réflexion.
Par Annie Mapangou
Le ministère de la mer, de la pêche et de l’économie bleue a organisé la « Journée de réflexion et d’échange sur la pêche artisanale au Gabon », ce lundi 14 juillet 2025, à l’auditorium du ministère des eaux et forêts, chargé du Conflit Homme-Faune, en présence des membres du gouvernement, des partenaires, des pêcheurs, des mareyeurs, des écailleurs et des transformateurs.
Selon le ministre de la mer, de la pêche et de l’économie bleue, porte-parole du gouvernement, Laurence Ndong, la pêche artisanale touche à tout : à la souveraineté, à l’économie, à l’environnement, à la sécurité, à la dignité de nos communautés côtières et par conséquent à celle de notre pays.
Dans son mot d’ouverture, le ministre de la Mer a indiqué que : « C’est une rencontre de vérité. Une rencontre avec celles et ceux qui, chaque jour, bravent l’humidité des matins et les incertitudes de la mer et de nos eaux intérieures pour nourrir nos familles, notre pays. Nous sommes ici pour écouter. Pour comprendre. Et surtout pour avancer ensemble… Nous avons au Gabon une chance inouïe. Une biodiversité exceptionnelle. Et pourtant, notre production halieutique ne suffit toujours pas à couvrir nos besoins. Pire encore, nous continuons d’importer chaque année plus de 25.000 tonnes de poissons. »
S’agissant des difficultés connues, Laurence Ndong a expliqué que : « La délimitation des zones de pêche, l’accès au financement, l’encadrement administratif, la sécurité en mer, l’écoulement des produits, les charges parafiscales, la rareté du poisson dans certaines zones, parfois même le découragement. Mais aujourd’hui, nous voulons être à la hauteur de votre courage. »
Daniel Guy Issembè, pêcheur a expliqué que : « Le séminaire de ce jour m’intéresse parce que je suis dans la pêche artisanale depuis des années avec toutes les difficultés. La première difficulté, c’est déjà l’investissement. La seconde, c’est tous les intrants parce qu’on peut avoir une pirogue, le moteur et tout. Mais, il y a des infrastructures qui ne sont pas du ressort des pêcheurs mais que l’État doit mettre à disposition. Il y a pour les mareyeurs, il faut le dire, la difficulté de se ravitailler parce que les pêcheurs étrangers donnent la priorité à leurs compatriotes. Les vendeuses et les mareyeuses n’ont que la portion conclue. Ce qui fait qu’elles sont gênées dans l’exercice de leurs activités. »
Ce pêcheur a eu l’occasion de produire un document pour l’évaluation de ce que coûterait une pêcherie artisanale. L’investissement est lourd. Evidemment le matériel de qualité. Les pêcheurs ne peuvent pas aller prendre n’importe quel filet, n’importe quel hameçon car, il faut qu’ils prennent les choses qui tiennent. Donc, les pêcheurs souhaitent que l’État arrive à produire un document, genre un cahier de charges où la part qu’il doit mettre à la disposition du pêcheur soit claire mais également former les pêcheurs à toutes les règles marines de pêche dans le respect de l’écosystème.
Mouwengui Mbenga Olive épouse Tsitsala, propriétaire de pirogue a fait mention des difficultés qu’ils rencontrent durant leur activité de pêche artisanale. « Les difficultés que nous avons relevé sur plusieurs plans. Nous avons les difficultés par rapport aux pêcheurs. Nous avons des pêcheurs qui sont majoritairement des expatriés. On voudrait avoir nos frères gabonais qui peuvent nous aider à pêcher dans les eaux gabonaises. Nous voulons également que le gouvernement nous accompagne par rapport à l’achat du matériel parce que le matériel de pêche coûte excessivement cher, notamment le moteur, les filets, la confection des pirogues. Si on peut également nous aider avec les banques. Si on peut avoir des micro-crédits pour pouvoir réinvestir. »
Elle a par ailleurs indiqué que : « Le matériel que nous utilisons pour la pêche, ce sont des matériaux qui se dégradent au fur et à mesure qu’on les utilise. Par exemple les filets. Lorsqu’on les utilise, ça peut être une durée de six mois. Après, il faudra encore relancer, acheter d’autres. Nous voulons aussi que le gouvernement essaye de voir par rapport aux zones de parcs. Surtout pour nous les gabonais. Est-ce qu’on peut nous confier certaines zones afin de nous aider ? »
Selon cette propriétaire de pirogue, des pêcheurs leur ont informé sur la présence des bateaux qui font de la pêche industrielle et qui sont dans les mêmes zones que la pêche artisanale. Ainsi, ils souhaitent que les autorités puissent les déplacer pour leur permettre d’avoir aussi un peu de poissons.
Retenons que derrière chaque filet jeté, il y a des familles à nourrir. Derrière chaque pirogue, il y a une histoire. Et derrière chaque regard de pêcheurs, de mareyeurs, d’écailleurs, il y a l’attente d’un État qui protège, accompagne et valoriser… Un pays qui néglige ceux qui le nourrissent, oublié sa propre force.