L’option finale des Hommes de loi, mains levées: entrer en grève illimitée!
Annie Mapangou
Le Syndicat national des Magistrats du Gabon a tenu une Assemblée générale extraordinaire, ce lundi 13 janvier 2025, au Palais de Justice dans la salle d’Apparat pour décider de la levée de la suspension de la grève, en présence des Magistrats syndiqués.
Dans son allocution, le président du SYNAMAG, Landry Abaga Essono, a indiqué les raisons qui emmène la SYNAMAG au retour de la grève illimitée sur l’ensemble du territoire national : « Depuis l’avènement de la transition, le SYNAMAG a fait le malheureux constat que l’indépendance de la justice gabonaise ainsi que l’amélioration des conditions de vie et de travail des magistrats sont, malgré toutes les déclarations d’intention, loin d’être une priorité des autorités de la transition n’affichant aucune volonté réelle de doter le Gabon d’une justice de référence, digne et surtout indépendante. Ce manque de volonté se traduit par l’absence de politiques publiques fiables et viables à même d’offrir aux acteurs de la justice un cadre de travail digne d’envie et des conditions de vie saines. »
Toutefois, le président du SYNAMAG n’a pas manqué d’indiquer les retombées de ces événements : « La conséquence de cette situation est la baisse de confiance des gabonais en leurs institutions judiciaires. L’immixtion permanente de l’exécutif, le sevrage des moyens permettant une justice de qualité et l’ampleur de la corruption qu’elle suscite sont les facteurs de cette crise de confiance. Or, La confiance des citoyens en leur justice est le baromètre d’un état de droit. »
Le président après avoir donné un briefing des événements qui les avaient conduits à rentrer en grève illimitée pendant une année, il a rappelé que ce mouvement avait été suspendu à la demande du président de la Transition. Malheureusement pour les Magistrats, leurs préoccupations semblent ne pas avoir été pris en compte et le déplore en disant que : « Après le changement intervenu à la tête du pays le 30 août 2023, le SYNAMAG avait placé son espoir dans l’avènement d’une ère nouvelle incarnée par le pragmatisme apparent des nouvelles autorités.
C’est ainsi, qu’après une année de grève générale illimitée passée dans l’indifférence et le mépris des autorités de l’époque, ils décident le 29 septembre 2023, à la demande du président de la transition, de la suspendre. Contrairement à l’avis du Ministre de la Justice, Garde des Sceaux, exprimé dans sa communication… relative à l’entrée en grève des Greffiers, acteurs du service public de la Justice, les magistrats patriotes, estiment à cette époque que la Justice de l’ère de la « Young team » ne pouvait pas traverser le temps et rester la même sans que l’on ne se demande si nous sommes véritablement à l’ère de la restauration.
«Il était donc question pour le président de la Transition de prendre les mesures utiles à la promulgation du statut des Magistrats et à la prise des mesures règlementaires nécessaires à l’application des dispositions relatives à la rémunération et aux avantages accordés aux Magistrats, tant il est vrai et bon de dire qu’ils en ont droit au regard des contraintes qu’appellent l’exercice de leur profession… Après avoir fait preuve de bonne foi et après avoir cru en l’essor vers la félicité de notre justice promise par le président de la Transition, le SYNAMAG est au regret de constater que le Gouvernement de la Transition et le ministre de la Justice en particulier ne proposent aucune solution de sortie de crise. »
Selon la SYNAMAG, cela fait aujourd’hui plus d’une année que le statut des Magistrats avait été promulgué mais, ces textes réglementaires ont encore du mal à être pris en compte. Ces textes en principe facilitent l’échange d’idées, d’opinions et d’informations car, c’est un moyen de parvenir à une meilleure compréhension, d’établir un lien et de construire une relation. Parce que son objectif est de promouvoir l’écoute active, la pensée critique et le respect mutuel, afin d’aboutir à une conversation significative susceptible d’entraîner des changements positifs que le SYNAMAG estime que le dialogue est crucial et le place au centre des moyens lui permettant de trouver des solutions à ses revendications.
Retenons que la reprise du travail des Magistrats reste conditionnée à la finalisation du processus de signature des décrets venants en application du statut des Magistrats et demande par la même occasion, le départ de son ministre de tutelle.