Des actions pour recadrer la jeunesse au Gabon face aux réseaux sociaux sont très attendues.
Par Georges P. Junior Nzamba
La montée en puissance des réseaux sociaux a transformé notre manière de communiquer, de nous informer et de nous divertir. Cependant, au Gabon comme dans plusieurs pays africains, ces plateformes sont devenues le théâtre de comportements préoccupants, surtout chez les jeunes. Facebook, Twitter, Snapchat, WhatsApp, Instagram et TikTok, censés offrir des opportunités d’apprentissage, sont détournés vers des fins peu constructives. De plus en plus de jeunes femmes, âgées de 12 à 16 ans, sont exposées à des contenus qui influencent négativement leur moralité, mettant en péril leur avenir et leurs valeurs.
Une dépravation des mœurs accélérée : Le phénomène de la dépravation des mœurs chez les jeunes filles est alarmant. Selon une étude menée par l’UNICEF, près de 30 % des jeunes filles en Afrique centrale ont accès aux réseaux sociaux avant l’âge de 15 ans, sans un contrôle parental strict. Ces jeunes sont quotidiennement confrontées à des contenus inappropriés qui glorifient la sexualisation précoce, la consommation de stupéfiants et la prostitution. Les figures hollywoodiennes, les actrices de films pour adultes et les influenceuses digitales jouent un rôle central dans cette influence. Leurs modes de vie, luxueux et souvent déconnectés des réalités locales, façonnent de manière dévastatrice la vision de la réussite pour de nombreuses adolescentes.
Une exposition incontrôlée à des modèles toxiques : Les stars hollywoodiennes et les célébrités des réseaux sociaux deviennent des modèles pour ces jeunes. En quête de notoriété et de reconnaissance, beaucoup de filles reproduisent ces comportements, allant jusqu’à poster des photos provocantes ou à participer à des « challenges » compromettants pour attirer des followers. Les chiffres sont révélateurs : une étude de l’ONG « Jeunesse Responsable » a montré qu’environ 70 % des jeunes filles entre 12 et 18 ans au Gabon passent plus de 5 heures par jour sur les réseaux sociaux, où elles sont exposées à des contenus à caractère sexuel ou des promotions de pratiques immorales.
La montée en puissance des réseaux comme outils de fraude et d’exploitation : Les réseaux sociaux, autrefois des espaces d’interaction et de partage, se transforment progressivement en plateformes de promotion de la prostitution, de l’escroquerie, et même de la drogue. Sur Facebook, WhatsApp et Instagram, les « placements » de rencontres sexuelles et d’autres formes de commerce immoral se multiplient. Les trafiquants de stupéfiants utilisent ces réseaux pour recruter de jeunes filles vulnérables. Selon le ministère de l’Intérieur, près de 25 % des cas de fraude en ligne signalés en 2023 au Gabon étaient liés à des réseaux de prostitution en ligne.
Un manque d’encadrement éducatif et culturel : Le véritable problème réside dans l’utilisation mal orientée de ces plateformes. Pourquoi la jeunesse gabonaise, et plus largement africaine, peine-t-elle à exploiter les réseaux sociaux comme des outils éducatifs et culturels ? Alors que d’autres jeunes à travers le monde utilisent ces plateformes pour acquérir de nouvelles compétences, apprendre des langues, ou suivre des cours en ligne, beaucoup de nos jeunes préfèrent les loisirs superficiels, comme la danse, le chant, ou des discussions oiseuses sur la vie des autres. L’absence d’un cadre éducatif et le manque d’initiatives culturelles en ligne aggravent ce phénomène.
Il est urgent que les parents, les éducateurs et les autorités publiques prennent des mesures pour encadrer l’utilisation des réseaux sociaux par les jeunes. Les réseaux peuvent et doivent être des outils puissants pour l’apprentissage, la découverte, et l’émancipation positive, mais cela ne sera possible qu’avec une régulation stricte et une sensibilisation accrue. Le sort des générations futures en dépend.