Ces nombreux étudiants, diplômes en main, éprouvent toutes les difficultés pour s’insérer dans le monde du travail, en raison de l’inadéquation formation-emploi!
Par Georges Patrick Junior Nzamba (+)
L’Université Omar Bongo Ondimba, autrefois symbole du savoir et du progrès, est aujourd’hui au cœur d’un débat qui met en lumière la difficile insertion des jeunes diplômés sur le marché du travail gabonais.
En effet, nombreux sont ceux qui, après avoir obtenu leur licence, master ou même doctorat, se retrouvent exclus de la course à l’emploi, se voyant qualifiés de «futurs chômeurs» avant même d’avoir entamé leur carrière. Les causes de cette crise sont multiples, et les responsabilités, partagées. Est-ce la faute des enseignants-chercheurs, des étudiants, ou de l’État gabonais? Une analyse plus approfondie permet de dégager les responsabilités des différents acteurs.
Les formations universitaires en décalage avec les besoins du marché du travail: Les premiers accusés dans cette situation sont les enseignants-chercheurs et, par extension, l’institution universitaire elle-même. Plusieurs étudiants diplômés estiment que l’Université Omar Bongo forme des théoriciens déconnectés des réalités du marché de l’emploi. Alors que les entreprises recherchent des profils capables de répondre à des besoins techniques et pratiques, les programmes académiques, bien que solides sur le plan théorique, semblent en décalage avec ces attentes.
Cette déconnexion se ressent notamment dans les filières des sciences humaines et sociales, où le chômage est plus élevé que dans les filières techniques.
En effet, les jeunes diplômés se plaignent souvent de l’absence d’opportunités de stage et de formations professionnalisantes. Les enseignants-chercheurs, malgré leur volonté de transmettre un savoir académique, ne peuvent à eux seuls combler ce fossé entre les exigences académiques et les besoins du secteur privé. Il devient alors nécessaire de repenser les curriculums pour mieux les aligner avec les réalités économiques du pays.
La responsabilité des jeunes diplômés: un manque de préparation au monde professionnel ? Il serait cependant injuste de pointer uniquement du doigt les enseignants ou les programmes. Les jeunes diplômés eux-mêmes portent une part de responsabilité dans leur exclusion du marché de l’emploi. Beaucoup arrivent sur le marché du travail sans avoir réellement pris en compte les exigences des entreprises. Le manque de préparation, que ce soit en termes de compétences pratiques ou de soft skills, est souvent cité par les recruteurs.
Les entreprises recherchent aujourd’hui des profils polyvalents, capables de s’adapter rapidement aux évolutions technologiques et économiques. Or, de nombreux jeunes diplômés de l’Université Omar Bongo arrivent avec un diplôme en main, mais sans les compétences techniques requises par les employeurs.
Ce manque de préparation met en lumière l’importance des stages et de l’expérience pratique, souvent négligés durant le parcours académique.
L’État gabonais face à ses responsabilités: une insertion professionnelle défaillante: Si l’Université Omar Bongo et ses diplômés sont en partie responsables, l’État gabonais ne peut pas être exempté de critiques. En effet, la politique d’insertion professionnelle semble inadaptée, voire inexistante.
Depuis plusieurs années, le gouvernement peine à mettre en place des mécanismes efficaces pour accompagner les jeunes diplômés dans leur transition vers le monde du travail.
La création de structures d’accompagnement, comme des centres d’orientation professionnelle ou des incubateurs d’entreprises, pourrait offrir un soutien essentiel aux jeunes diplômés. Toutefois, ces initiatives demeurent insuffisantes et mal coordonnées.
L’absence d’une véritable politique nationale d’emploi pour les jeunes, couplée à une économie dominée par le secteur informel, limite les opportunités d’embauche. De plus, l’État n’a pas su encourager suffisamment le secteur privé à embaucher des jeunes diplômés, notamment via des incitations fiscales ou des partenariats avec les universités.
Réformer pour l’avenir : quelles solutions pour lutter contre le chômage des diplômés ? Face à cette situation alarmante, plusieurs pistes de solutions peuvent être envisagées pour lutter contre le chômage des jeunes diplômés de l’Université Omar Bongo.
Tout d’abord, il est crucial de réformer les programmes universitaires en les adaptant davantage aux besoins des entreprises. Cela pourrait passer par la création de nouvelles filières professionnalisantes, un renforcement des partenariats avec les entreprises locales, et une généralisation des stages au sein des parcours académiques.
Ensuite, l’accompagnement des jeunes diplômés dans leur insertion professionnelle doit être renforcé. Cela implique la mise en place de plateformes de recherche d’emploi dédiées, de sessions de coaching pour les aider à mieux se préparer aux entretiens d’embauche, ainsi que la promotion de l’entrepreneuriat comme alternative à la recherche d’emploi.
Enfin, l’État gabonais doit jouer un rôle plus actif en instaurant des politiques incitatives à l’embauche des jeunes diplômés. La création de programmes d’incubation, de mentorat et de subventions pour les startups créées par des jeunes diplômés pourraient également constituer des leviers pour dynamiser l’emploi des jeunes.
Enfin, un avenir à réinventer pour les jeunes diplômés de l’Université Omar Bongo: Le chômage des jeunes diplômés de l’Université Omar Bongo est un problème complexe, qui trouve ses racines dans plusieurs facteurs, à la fois structurels et conjoncturels. Si la responsabilité est partagée entre les enseignants, les étudiants et l’État gabonais, il est clair que des réformes profondes sont nécessaires pour répondre aux attentes des jeunes et du marché de l’emploi.
En repensant les formations universitaires, en améliorant l’accompagnement des diplômés, et en engageant des politiques publiques efficaces, l’Université Omar Bongo pourra retrouver son rôle d’ascenseur social et contribuer pleinement au développement économique et social du Gabon.
(+) Sociologue politiste