Par Annie Mapangou
La Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) a organisé ce mardi 10 décembre 2024, une conférence débat, à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale des Droits de l’homme, sous le thème: « Le droit humain à l’eau et l’assainissement, instruments juridiques internationaux », à la Maison de l’Avocat, en présence de diverses personnalités, des hommes de lois et des étudiants.
Le droit à l’eau est essentiel et doit être disponible, accessible, c’est un service public, un droit fondamental, un droit créance. Le droit à l’eau fait partie des 17 objectifs de développement durable (ODD) avec deux calendriers bien précis.
Le président de la Commission nationale des droits de l’homme, Spécialiste du droit pénal, Enseignant dans de grandes écoles, Maître Homa Moussavou, dévoilant le but de cette commémoration, a déclaré que cette journée internationale des droits de l’homme a été l’occasion pour la Commission nationale des droits de l’homme «d’interpeller l’État à travers une conférence débat sur le thème du droit à l’eau comme droit fondamental à la lumière des instruments juridiques internationaux».
«Le droit à l’eau est important, mais c’est surtout par rapport à la déclaration des droits de l’homme que cette journée existe. C’est le 75ème anniversaire de cette déclaration, il a été loisible de faire une conférence pour effectivement savoir si l’État respecte ses obligations positives», a relevé le président la Commission.
Par rapport aux inégalités sur le plan juridique, le droit à l’eau et à l’électricité a été inscrit dans la nouvelle constitution, a fait savoir Maître Homa Moussavou. «Donc, à partir de ce moment, il y a un principe d’invocabilité du droit à l’eau devant les juridictions ordinaires et à terme devant la Cour constitutionnelle. C’est donc l’aspect prioritaire de cette conférence, de cette journée et, permettre à tout le monde d’aller désormais devant les juridictions, si seulement c’était le cas, revendiquer le droit à l’eau comme le droit fondamental de la personne humaine», a précisé l’orateur.
L’Enseignant de Droit public à l’Université Omar Bongo (UOB), David Ikoghou-Mensah a indiqué que l’eau est une denrée précieuse. «Ce n’est pas une denrée rare puisque nous sommes un pays qui en possède abondamment. L’eau, on la trouve sur terre, sous terre, etc. Il y a des usines qui sont dédiées pour l’extraire et par des traitements physico-chimiques aider à la rendre propre à la consommation humaine. Elle sert à de nombreux usages. Nous sommes dans un pays qui a confié ce service public de l’eau à un opérateur qui s’occupe en même temps de la question de l’énergie. C’est la Société d’Energie et d’Eau du Gabon (SEEG). D’ailleurs, ces travaux auraient dû se tenir au sein de cette société, malheureusement cela n’a pas pu être le cas. Mais, nous avons pu avoir des responsables de notre administration centrale qui s’occupent de ces questions.»
L’accès à l’eau est un service public de premier plan au sein de chaque État. Au plan international, il y a une résonance de ce droit humain à l’eau. Il y a des agences, des organismes qui sont dédiés à cette question. Il n’y a pas de développement économique et social que l’on pourrait imaginer en l’absence de ces éléments.
Chantal Mindzie Abessolo, Politiste CREPOD/CENAREST, quant à elle, a rappelé que les droits tels qu’ils sont édités n’ont pas de sexe. «Mais lorsqu’il s’agit de s’approprier de ces droits et d’en jouir, on est fatalement confronté à la réalité de genres. J’ai également indiqué, qua la réalité de genre ne veut pas dire condition féminine, parce qu’il s’agit là d’un instrument au service des gouvernants pour pouvoir faire des analyses basées sur le genre afin de pouvoir apporter des solutions adaptées en fonction de la réalité sociologique.»
Poursuivant son intervention, elle a ajouté que le prélèvement, la récolte de l’eau, celles qui vont attendre 4 heures du matin pour que l’eau arrive, ça sera les femmes. «Donc, ces femmes-là, le lendemain matin vont enrayer une journée de travail, à la longue, au bout de quelques années, ça peut poser quelques soucis de santé. De la même manière, ce sont elles à 13 heures 40 minutes avoir tout sur la table. Mais s’il y a coupure d’eau depuis plusieurs jours, je pense que c’est à elles de trouver les moyens que la coupure d’eau n’équivalent pas à la coupure d’un des repas. Donc, la femme est toujours dans les arbitrages, dans les calculs afin d’assurer le soin de la famille, des tâches domestiques. L’homme par ailleurs a également ses réalités rapportées au genre. C’est cette approche là qu’il était important de rappeler qu’ils sont tous concernés par le droit à l’eau et à l’assainissement.»
Sur le plan scolaire, elle a noté les réalités des écolières qui sont obligées de tomber dans l’abandon scolaire parce qu’elles sont en insécurité lorsqu’elles vont dans les espaces en latrines, mettant de côté l’hygiène, même quand ce sont des toilettes publics. Pour une femme ce n’est pas la même réalité, elle est tenue d’être dans une certaine posture où, en se soulageant, elle peut laisser sa santé en récoltant quelques maladies.»
Elle a relevé qu’un urinoir ne peut pas régler le problème d’une fille dans une école ; sans compter l’insécurité liée aux violences basées sur le genre, les violences sexuelles et autres réalités.
Signalons que ce sont les États membres des Nations Unies qui se sont engagés à atteindre en 2030 un certain niveau par rapport à ces réalités de droit à l’assainissement et à l’eau.
Nos images: Chantal Mindzie Abessolo, Politiste CREPOD/CENAREST (1); une vue de l’assistance (2); David Ikoghou-Mensah, Enseignant de Droit public /UOB (3) et Maître Homa Moussavou, président de la Commission nationale des Droits de l’homme (4).