Le Magistrat Aurelien Mintsa Mi Nguema (en médaillons), son exposé a intéressé de nombreux étudiants présents ici.
Par Annie Mapangou
La mutuelle des étudiants de l’Université Omar Bongo (UOB) a organisé, ce jeudi 20 février 2025, une conférence sous le thème: « Le Franc CFA en zone CEMAC », animé par Aurélien Mintsa Mi Nguema, Magistrat à la Cour des Comptes, ancien Directeur général du Budget et des Finances publiques (DGBFIP), à l’endroit des étudiants inscrits en Droit, en Économie et en Sciences politiques dans les formations fondamentales et professionnelles.
L’objectif clé de cette conférence est celle de faire connaître au plus grand nombre la réflexion d’un compatriote par rapport à la monnaie du Franc CFA, commune à six États membres de la CEMAC, dont le Gabon en fait partie.
C’est sous cet angle qu’Aurélien Mintsa Mi Nguema, en sa qualité de conférencier a entretenu les étudiants. «Il faudrait que le débat sur le Franc CFA ne soit pas comme par ailleurs porté par la rue. Et c’est tout un symbole d’organiser cette conférence, ici à l’Université. C’est une invite à l’intelligentsia universitaire, pour qu’elle s’approprie dorénavant cette question du Franc CFA pour que des jalons basés sur une analyse scientifique soient posés, en vue des perspectives louables pour le Franc CFA», a déclaré le Magistrat à la Cour des Comptes.
S’agissant du Franc CFA comme outil de croissance économique de la zone CEMAC, le conférencier a indiqué qu’à bien des égards, qu’il apparaît que le Franc CFA, à travers la centralisation des réserves de change, obère le niveau de crédits possibles au sein des économies de la sous-région. «C’est pourquoi, il convient d’envisager les possibilités d’une amélioration de cet aspect qui est la liquidité de l’économie. En centralisant moins de réserves de change, voire en annulant carrément cette caractéristique, on gagnerait en termes de masse monétaire disponible au sein de l’économie. Ce qui permettrait d’octroyer des crédits aux agents non financiers, qui ont besoin de financements, ce qui permettrait d’établir un tissu productif important ; ce qui permettrait aux concitoyens de pouvoir développer des petites et moyennes entreprises, les petites et moyennes industries. Un pays se nourrit du crédit. Or, la situation actuelle du Franc CFA dans ces quatre caractéristiques, dont celle de la centralisation des recettes et d’échanges obère une bonne partie de ces possibilités,» a déploré Aurélien Mintsa Mi Nguema.
L’hôte des étudiants s’est également prononcé sur l’avenir du Franc CFA, vu qu’il est boudé au sein de certains États: «J’ai fait des propositions. C’est un débat qui est posé. Il ne s’agit pas de dire qu’un tel ou un tel à raison, il convient d’apprécier toutes les analyses et de ressortir au sein de celles-ci, la plus optimale pour les économies de la sous-région. L’avenir du Franc CFA coulera, dépendra de toutes ces analyses agrégées ou suffisamment appréciées et qui permettront de dégager une position indiquée pour l’avenir des économies de la sous-région. Pour ma part, j’ai fait des propositions, à charge aux autres d’apprécier la pertinence de celles-ci pour qu’ensemble, nous puissions explorer des lendemains meilleurs pour nos économies.»
Par ailleurs, Julio Mbele étudiant en droit judiciaire et pratique des contentieux, master 2, a donné un bref résumé de ce qu’il a retenu au cours de cette conférence: «J’ai retenu beaucoup de choses, notamment qu’il faudrait que les États membres de la zone CEMAC, c’est-à-dire ceux qui font partie de la communauté monétaire de l’Afrique centrale et ceux de l’UEMOA, qui font partie de l’union monétaire d’Afrique de l’Ouest puissent être en concordance dans leurs politiques économiques, afin de pouvoir autonomiser sur le plan financier et économique ces États. Car, nous remarquons que selon la Convention du 5 juillet 1996, notamment instituant l’Union monétaire des États de l’Afrique centrale en son article 26, nous devons nous détacher du dépôt des réserves d’échanges des États de la communauté au niveau du dépôt qu’ils font vis-à-vis du Trésor ou de la Banque de l’État français. Donc, nous devons être plus ou moins indépendants sur ce point, afin que nous puissions émerger et avoir une autonomie de gestion administrative, économique et financière.»
Retenons que le Franc CFA a toujours de la valeur dans la mesure où, c’est une monnaie internationalement reconnue. Sauf que selon la considération des africains, le Franc CFA n’est plus une monnaie qui est la bienvenue au regard de l’évolution des mœurs au niveau de l’Afrique.
Nos images: Le conférencier Aurélien Mintsa Mi Nguema (1), une vue des étudiants présents (2) et les responsables de l’UOB entourant leur hôte (3).