Par Edwige Anyouzoa
A l’occasion du séminaire gouvernemental tenu les 12 et 15 octobre 2024 à Libreville, le Président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema a interpellé le CTRI et les membres du gouvernement, avec ces mots: «Je le dis avec la plus grande fermeté: ne faites pas une Constitution pour moi ou pour ma famille, je n’en veux pas ! Faites-là pour l’avenir du Gabon, car notre pays est et restera éternel. L’essence même du ‘coup de la libération du 30 août 2023’ était de tout changer ».
S’exprimant ainsi, le Président de la République semble avoir entendu ceux qui attirent, depuis des semaines, son attention sur la dérive autocratique que susciterait le projet de constitution en cours de rédaction, sous le prétexte de l’inscription de la responsabilité du président sur sa politique. Ce que les concepteurs du projet appellent le pouvoir présidentiel, qui était pourtant aux antipodes de l’équilibre des pouvoirs.
Obstiné dans une analyse biscornue, l’ancien Premier ministre Julien Nkoghe Bekale, interviewé récemment, pense trouver là l’expression d’une nouvelle organisation écartant le rôle d’une Primature, sans se demander comment serait-il possible que le président de la République se retrouve juge et partie de tout et sans écouter Montesquieu, auteur français, qui soutient que « quiconque a le pouvoir est porté à en abuser ». C’est la raison pour laquelle « Il faut donc limiter le pouvoir ».
Selon la ministre en charge de la Réforme des Institutions, Madame Murielle Minkoué Mezui épouse Minko, le séminaire gouvernemental, en concertation avec les membres de l’Assemblée constituant, ayant formulé 801 amendements au projet, a abordé, entre quatre questions, celle de l’équilibre des pouvoirs entre l’Exécutif, le Législatif et le Judiciaire. Reste à voir comment cela est transcrit dans le projet de Constitution, le membre du gouvernement estimant que les recommandations du Dialogue national inclusif ne peuvent être occultées. Celles-ci invitaient à la suppression pure et simple du poste de Premier ministre, mais que la Constituante a rappelé au goût du jour.
Se seront-ils obstinés de tailler un costume à la mesure d’Oligui ? Le Conseil des ministres du jeudi, 17 octobre était attendu, pour y être fixé. En plus, les populations attendent la dernière mouture du projet qui en sortira, qui édifiera sur la volonté de l’appareil de pouvoir de la transition à poser les fondements ou non du Gabon éternel invoqué par le Président Oligui Nguema.
Le Président de la Transition, dont les propos démontrent qu’il est désormais bien conscient d’être entouré de flatteurs résolus de vivre à ses dépens.