Par Annie Mapangou
Régularisation des situations administratives, avec application des effets solde immédiat; paiement intégral de tous les rappels solde sans exigences de composition de dossier; mise en solde immédiate des enseignants bénévoles et des 900 enseignants de sciences, la liste n’est pas exhaustive. C’est le contenu principal du cahier de charge du Collectif SOS Éducation présent dans les neuf provinces, qui s’est réuni en Assemblées générales, ce samedi 06 décembre 2025, à l’École Publique Martine Oulabou et devant chaque Direction d’Académie Provinciale (DAP) pour s’exprimer!
L’objectif de ce rassemblement était de présenter le nouveau Collectif SOS Éducation qui regroupe près de 1.000 enseignants de divers horizons.
Le Collectif SOS Éducation n’est pas un mouvement de plus ; c’est un mouvement de rupture ; un mouvement né de la souffrance, mais guidé par l’espoir ; un mouvement qui ne reculera plus, qui ne se taira plus et, qui ne laissera plus personne décider à la place des enseignants.
L’Enseignante précarisé depuis 2015, Olivia Mucketu a indiqué: « Nous disons déjà au gouvernement que nous ne sommes pas instrumentalisés, nous ne sommes pas manipulés. Nous sommes là parce que nous avons fait confiance au président de la République. 90 ou 100% des enseignants ont voté pour lui et, jusqu’à présent, les promesses du chef de l’État n’ont pas été tenues. L’enseignant reste toujours précaire, sans dignité et nous voulons demander au président de la République de penser aux enseignants, parce que nous sommes les oubliés de cette transition ou encore de tout ce qui se passe en ce moment.»
C’est à la suite de cela qu’elle a ajouté : «Un préavis de grève a été sollicité. Nous allons déposer le préavis de grève, le lundi 8 décembre 2025. Nous espérons que les autorités vont nous contacter pour vraiment en discuter. Si rien n’est fait, nous allons alors cesser les cours tout simplement.»
Les enseignants de Libreville se sont exprimés (1 et 2)…
Ce mouvement voit le jour suite à la résultante de l’immobilisme constaté dans la non prise en compte des revendications des enseignants, et plus encore, du silence amère et complice des syndicats sensés défendre leurs intérêts.
C’est dans ce contexte que Moubamba, Enseignant précarisé depuis 2012 a évoqué 4 constats:
« 1- L’enseignant gabonais fait face à des décennies d’indifférence: En effet, depuis plusieurs décennies, nos réalités, nos souffrances et nos revendications sont ignorés par les autorités compétentes. Les différentes autorités successives nous écoutent poliment, mais ne nous entendent hélas pas… Aujourd’hui, dans plusieurs secteurs, des réformes se font, des budgets se débloquent, mais pour les enseignants, il n’y a que silence, lenteur et surtout indifférence.
« 2- Les enseignants assistent à une dégradation constante de leurs conditions de travail et de vie: En effet, la situation des enseignants gabonais n’a cessé de se dégrader depuis maintenant plus de deux décennies avec notamment : Des classes surchargées, insalubres et sous-équipées ; des situations administratives en souffrance depuis une éternité ; des retards de solde et des rappels jamais payés en totalité ; des charges professionnelles accrues et non reconnues ; un pouvoir d’achat en chute libre et non pris en compte ; une absence d’assistance médicale adaptée aux risques du métier d’enseignant…
« 3- L’existence d’une rupture totale entre les leaders syndicaux et la base : En effet, les leaders syndicaux traditionnels ont perdu la confiance de la base. S’il est normal de leur adresser notre gratitude pour les combats et les différentes avancées que la corporation a eu grâce à leur lutte, il est aujourd’hui important et surtout réaliste d’affirmer que : pendant que les enseignants souffrent, les retards de soldes s’accumulent, les affectations sont bloquées et les carrières stagnent, certaines négociations se sont toujours faites dans l’opacité, sans consultation, sans transparence et, parfois avec des compromis qui ne reflètent en rien nos intérêts.
«4- Une augmentation alarmante du nombre d’enseignants précarisés : En effet, jamais notre pays n’a eu autant d’enseignants. Mais au lieu de renforcer notre collective, cette augmentation s’est accompagné d’une précarisation massive, perceptible entre autres, le nombre d’enseignants bénévoles non mis en solde ; les enseignants sortants non affectés ; les enseignants dont les dossiers n’avancent pas ; les enseignants réduits à la débrouille pour survivre ; les décès prématurés. »
L’enseignant précarisé a déclaré avec force: «Le Collectif SOS Éducation envisage porter devant les autorités compétentes, avec la dernière énergie, les problématiques contenus dans son cahier de charges… »
…(3), tout comme ceux de l’intérieur du pays…
Rita Mombo, Enseignante précarisée a relevé les points clés inscrits dans leur cahier de charges:
« Les revendications administratives et financières: régularisation des situations administratives avec application des effets solde immédiat; paiement intégral de tous les rappels solde sans exigences de composition de dossier; mise en solde immédiate des enseignants bénévoles et des 900 enseignants de sciences…
Les conditions sociales et santé des enseignants : mise en place d’une mutuelle santé en partenariat avec une maison d’assurance ; mise en place d’une prime de risques liée aux maladies professionnelles d’un montant de 100.000 F CFA ; matérialisation du projet un enseignant, un ordinateur et un terrain.
Les conditions de travail et la qualité de l’enseignement : limitations des effectifs à 50 élèves maximum par classe dès la rentrée 2026-2027 ; mise en place d’une prime de pénibilité du métier d’enseignant d’un montant de 500.000 F CFA ; remplacement de tous les tableaux à craie par des tableaux à marqueurs…
Les mesures statutaires : réduction de l’âge de la retraite à 60 ans pour les enseignants ; allègement de la charge horaire à la moitié du quota officiel après 20 ans de service ; retour du recyclage vertical (accession aux écoles de formation sur titre) après 20 ans de service… »
Honorine Angue Mintsa, Enseignante précarisée a évoqué, pour sa part: la nouvelle méthode de négociation qui est une révolution dans la gouvernance syndicale pour un véritable changement de paradigme.
Elle a tenu à préciser que le Collectif SOS Éducation ne vient pas reproduire les erreurs du passé. «En effet, nous venons changer les règles. Voici notre nouvelle ligne de conduite : plus de leaders susceptibles d’être corrompus ; une rupture totale avec les syndicats traditionnels et, des négociations publiques, transparentes, sous contrôle de la base.»
« Vous savez, la corruption disparaît quand la transparence est totale. La manipulation disparaît quand la base est présente. La trahison disparaît quand personne ne peut plus négocier en cachette », a-t-elle ajouté.
Collectif SOS Éducation : ‘’Courage, action et détermination’’
Collectif SOS Éducation : ‘’Tous debout pour la restauration de notre dignité‘’
Collectif SOS Éducation : ‘’Cette fois-ci, c’est tout ou rien’’.
Retenons que cette Assemblée générale n’est pas une rencontre ordinaire mais, c’est un réveil, un acte fondateur, un moment de vérité.
