Le dialogue Social qui importerait peu à la direction générale de MoovAfrica serait à l’origine de la pomme de discorde. Qu’en pensent les autorités de la Transitions ?
Par Aryse Nguema
Un mouvement de grève a été déclenché par les agents de Gabon Télécom, voici quelques semaines, mais la direction générale que nous avons essayé d’approcher sans suite à notre requête, est animé par le même désintéressement qu’elle affiche vis-à-vis de son personnel et du cahier de charge que son syndicat a déposé voici un an et relancé plusieurs fois ces derniers temps.
Ce mouvement fait suite à un préavis déposé le 22 novembre 2023, nous a expliqué Louis Enanga, secrétaire général adjoint du Syndicat national des télécommunications (Synatel).
Comment sont-ils arrivés là ? En effet, le 28 décembre 2022, les Partenaires Sociauxde Gabon Télécom ont soumis à leur direction générale une plateforme revendicative, tout en l’invitant à l’ouverture des négociations.
. «Nos points de revendications sont les suivantes : 1- La grilles des salaires, 2- La mise en place d’un plan de Carrière ; 3- L’amélioration des conditions de départ à la retraite 4- La nationalisation des postes de Management ; 5- L’amélioration des conditions de travail», a indiqué le SGA.
A propos de la grille salariale, le SYNATEL, constate que malgré la fusion avec la filiale en 2011, suite à la privatisation puis la fusion absorption de Moov Atlantique Télécom. «Il existe clairement une disparité de traitement particulièrement au niveau des salaires de bases, d’une part ; la grille de salaire est similaire à celle de la fonction publique, en termes de salaire, d’autres part», a déploré Louis Enanga.
Il a souligné, en parlant de la mise en place d’un plan de Carrière, «qu’il n’y a, à Gabon Télécom, aucune perspective d’évolution. Vous entrez dans l’entreprise dans une catégorie, quarante ans après, vous sortez dans la même catégorie», dénonce-t-il avec force !.
Quant à l’amélioration des conditions de départ à la retraite, l’orateur a dit qu’au sein de Gabon Télécom «le traitement des retraites dépend de vos origines: selon que vous êtes un ex-agent Moov, Libertis ou Gabon Télécom, le taux de calcul de l’Indemnité de service rendu n’est pas le même», dénonce le SGA du syndicat.
«Pour le départ à la retraite en contrepartie des bons et loyaux services, Gabon Télécom vous offre: un parapluie, un gâteau d’anniversaire, un polo, un stylo et 300.000F», a-t-il ajouté.
NON RESPECT DE LA REGLEMENTATION EN VIGUEUR : En ce qui concerne la nationalisation des postes de Management, le secrétaire général adjoint constatequ’en s’appuyant sur le pacte d’actionnaire, «le partenaire stratégique fait venir systématiquement des consultants qui pour certains sont au Gabon depuis plus de 12 ans ou systématiquement remplacé».
Le Synatel dénonce aussi la violation de la loi 00277/PRMT, sur l’usage de la main d’œuvre étrangère. «Quand nous examinons les couts, leur traitement génère en moyenne par agent est de 50.000.000FCFA. Or au sein de Gabon Télécom il y a 206 cadres aux compétences diverses sur les 392 agents en service», affirme le syndicaliste.
Puis d’ajouter: « En réponse à ces deux correspondances, la Direction Générale a entrepris avec la bénédiction du directeur juridique de l’entreprise d’initier un projetde licenciement du Secrétaire général du Synatel, pour des motifs fallacieux, en usant de moyens de corruption auprès de la direction générale du travail. Finalement grâce à l’intervention de certaines personnalités ce projet a échoué».
A propos de l’amélioration des conditions de travail, Louis Enanga a été on ne peut plus clair : «Nous avons des agents qui sont seuls en province et qui doivent parcourir régulièrement des kilomètres parfois, sans les outils nécessaires de travail. Ils travaillent 24h/24 7j/7. Cette plateforme déposée le 28/12/2022 est restée sans suite».
Il note :«Comme réponse la direction générale a organisé une cabale pour licencier le Secrétaire général du Synatel. Dans son discours du 1er Mai à l’occasion de la fête du travail, le Synatel a rappelé à la direction générale la nécessité d’ouvrir les négociations».
Louis Enanga a précisé que le 14 juin 2023, ils ont envoyé une lettre de rappel qui est demeurée sans suite. Le 3 Octobre 2023, l’Assemblée générale, à l’unanimité, a voté pour le dépôt d’un préavis de grève. «Face aux promesses d’ouvertures de négociations, ce préavis ne sera déposé que le 22/11/2023. La grève a été déclenchée le 6 décembre 2023, soit 14 jours après. Depuis le déclenchement du mouvement de grève des démarches ont été engagées avec le facilitateur désigné par le conseil d’administration.
«Malgré la volonté du syndicat, la direction générale reste campée sur sa position. Par ce point de presse le Synatel vient attirer l’attention du gouvernement et de l’opinion nationale sur le fait qu’à Gabon Télécom il n’y a pas de Dialogue Social ».
Le Synatel est également étonné du silence de l’Inspection du Travail qui est au courant de la situation et ne joue pas son rôle qui est celui d’amener les deux parties sur la table des négociations.
A la direction général de Gabon Télécom où nous sommes passés pour l’équilibre de l’information, nous n’avons pas trouvé d’interlocuteur sur la question de la grève et encore moins sur une autre préoccupation qui est de savoir pourquoi la partie gabonaise qui dispose de 49% des actions, n’a toujours pas de représentant au sein du directoire et qui devrait être le directeur général adjoint ?
Par ailleurs, il y a des raisons pour que le Gouvernement de Transition revisiter les conditions de privatisation de Gabon Télécom qui devrait être un établissement de souveraineté de l’Etat qu’on ne cède pas !