Deux des membres de l’organisation des médias, lors du point de presse animé par Désiré Ename (Echo du Nord), à droite, et Yves Laurent Ngoma (RFI), en médaillon notre confrère Harold Leckat de Gabon média time, toujours en détention.
Annie Mapangou
Le Cercle des patrons de la presse privée en ligne (CPPPL), le Réseau national des journalistes indépendants (RENAJI), l’Organisation patronale des médias (OPAM), Médias & Démocratie, l’Union de la presse francophone (UPF Gabon) et Reporters sans frontières (RSF Gabon) réunis en collectif, ce lundi 20 octobre 2025 au siège de Gabon Média Time (GMT), au cours d’un point de presse pour demander la libération sans conditions d’Harold Leckat, Directeur de publication de GMT et exigent des réformes profondes pour une presse véritablement libre et indépendante.
Suite à la cabale médiatique lancée ces derniers jours par certains médias sur les réseaux sociaux évoquant un supposé détournement de fonds publics, ce Collectif par la voix de son Représentant, Désiré Ename a tenu à apporter quelques précisions sur la Situation judiciaire d’Harold Leckat, Directeur de publication de GMT sans bien sûr trahir le secret de l’instruction.
« Au terme de l’audition devant le Procureur, l’accusation porterait sur des paiements versés à Global Media Time dont Harold Leckat est le gérant. Selon les autorités judiciaires, ces fonds publics auraient été perçus sans réalisation des travaux sollicités et ce, dans le cadre du contrat liant l’entreprise privée que ce dernier gère et la caisse des dépôts et consignations (CDC)».
Poursuivant son propos, il a déclaré que : « Le dossier porte donc sur un contrat commercial conclu en septembre 2020 entre Global Media Time, agence éditrice de Gabon Média Time, et la Caisse des dépôts et Consignations (CDC) portant sur un accompagnement en communication multiforme. Les documents fournis à la procédure font foi de l’exécution du contrat jusqu’à sa rupture unilatérale par la Caisse des dépôts et consignations. Mais comme vous pouvez aisément le comprendre, il ne revient pas à nous de nous substituer au ministère public et aux avocats d’Harold Leckat en communiquant à leur place sur les détails au contrat.»
Désiré Ename s’est également prononcé sur les conditions d’interpellation et de détention du Directeur de publication: « … Nous déplorons le fait qu’il soit contraint de dormir assis, menotté à une chaise (même s’il y a un ou deux jours on lui a donné un matelas). Il a également été victime d’un malaise dans la nuit du jeudi 16 octobre, ce qui l’a isolé des cellules collectives. Des révélations glaçantes qui jettent une ombre sur les conditions de garde à vue au sein de la Direction générale des recherches (DGR) et posent de sérieuses questions sur le respect de la dignité humaine. »
Il a tenu aussi à préciser qu’au-delà des faits cités, ils constatent l’acharnement dont fait l’objet GMT, ainsi que son Directeur de publication depuis plusieurs années et particulièrement depuis le coup d’Etat du 30 août 2023.
Rappel sur les conditions d’interpellation du Directeur de publication: Harold Leckat avait été convoqué pour le 9 octobre 2025. N’étant pas sur le territoire national, son avocat s’est présenté à la DGR et a produit son billet d’avion tout en précisant les dates de sortie, et de retour sur le territoire national, son visa, et une copie de la lettre d’invitation au séminaire auquel il prenait part. Après la présentation de ces documents, les parties se sont accordées pour une audition, le jeudi 16 octobre à 9 heures. Toutes choses qui démontrent qu’il n’a nullement eu l’intention de se soustraire à la justice de son pays.
Désiré Ename a évoqué un autre point sur les conditions de détention : « Or, malgré cette exigence constitutionnelle à laquelle il répond, Monsieur Leckat a été contraint de dormir 5 jours durant menotté à une chaise, sans possibilité, ni d’aller aux toilettes, ni de prendre une douche, encore moins de se brosser les dents. C’est dans ces conditions que le mis en cause a été présenté devant le procureur, le vendredi 18 octobre 2025. »
Arrivé d’un vol régulier de Paris, le mercredi 15 octobre 2025, Harold Leckat a été interpellé manu militari par des individus se présentant de manière verbale comme agents de l’antenne spéciales de la DGR, n’étant ni accompagnés des gendarmes de la brigade de l’aéroport, ni des agents de la police de l’air et des frontières (PAF). Ces derniers n’arboraient pas des badges d’accès à l’aéroport. C’est dans ces conditions que le Directeur de publication de GMT a été interpellé et jeté dans un véhicule. Aucun de ces agents ne lui a indiqué le motif de l’arrestation.
Apprenant par des rumeurs l’interpellation de leur proche par la Direction générale des recherches (DGR), la famille s’est rendue sur place. Les agents ont dans un premier temps nié la présence d’Harold Leckat dans leurs locaux. Ce n’est que dans la matinée du 16 octobre, soit le lendemain, que la DGR a reconnu détenir le Directeur de publication.
Le représentant dudit collectif s’est prononcé sur ces conditions tout en indiquant que : « Au-delà de cette violation manifeste des conditions d’interpellation d’Harold Leckat, nous nous interrogeons sur la pertinence de le maintenir en détention. Il faut noter en effet que la nouvelle Constitution votée par le peuple Gabonais dispose en article 16 que : ‘’Nul ne peut être gardé à vue ou placé sous mandat de dépôt s’il présente des garanties suffisantes de représentation (…)’’ »
Après un retour historique de la situation judiciaire d’Harold Leckat, le représentant du Collectif a dit : « Concernant les rumeurs de détournements de fonds publics. Nous rappelons que Harold Leckat n’est ni une personne dépositaire de l’autorité publique, ni chargé d’une mission de service public, encore moins comptable public. Dans ces conditions où est le détournement ? Le contrat liant les deux entités concerne une institution publique et un prestataire privé. De ce fait, aucun détournement de fonds ne peut être qualifié en la matière. De plus, en cas de litige dans cette convention, le Tribunal du commerce serait le seul habilité à trancher, et non le pénal. »
Par ailleurs, Harold Leckat et ses agents ont, au péril de leur vie, participé aux côté de Mays Mouissi, actuel ministre de l’Environnement, à la rédaction du Rapport : ‘’105 promesse, 13 réalisations, le bilan du second septennat d’Ali Bongo.»
Retenons que ce Collectif a conclu de ce fait que la situation judiciaire d’Harold Leckat, Directeur de publication de GMT est une cabale politico-judiciaire qui vise simplement à faire taire des voix libres et indépendantes.
Nous y reviendrons.
Notre confrère Harold Leckat de Gabon média time (1) et deux des membres de l’organisation des médias lors du point de presse animé par Désiré Ename (Echo du Nord), à droite, et Yves Laurent Ngoma (RFI).