Par Edwige Anyouzoa
4/23, c’est la note qu’a attribuée la Commission nationale d’organisation et de coordination des élections et du référendum (Cnocer) aux 23 candidats qui ont postulé à l’élection du président de la République du 12 avril 2025 prochain. En justice, on aurait dit que les juges ont eu la main lourde pour les dix-neuf recalés. Mais il ne s’agit point de cela. Les « juges » de la Cnocer ont tout simplement et bêtement appliqué les règles qui régissent désormais l’élection du président de la République en terre gabonaise. Et il se trouve que beaucoup de candidats n’ont pas coché toutes les cases. Qu’à cela ne tienne, le peuple est désormais fixé qu’il aura le choix, le 12 avril prochain, entre Billy-the-kid, l’enfant terrible de Ntang-Louli, Essingone Joseph Lapensée, pas très connu au bataillon, Iloko Boussengui Stéphane Germain, le dissident d’Ensemble pour le Gabon, et Oligui Nguema Brice Clotaire, le «candidat supérieur», selon ses « enragés » de la toile.
Nous n’avons pas la naïveté de croire que tous ceux qui aspirent à être président de la République au Gabon sont motivés par les avantages et les honneurs liés à cette fonction. Tous, la main sur le cœur, jureront qu’ils le font pour le bien du Gabon et des Gabonais. Ils veulent tous d’un Gabon développé, pour ne pas dire émergent, un Gabon qui rayonne dans le concert des nations, un Gabon admiré, respecté et digne d’envie. Ce qui est tout-à-fait normal et logique pour tout Gabonais épris de patriotisme.
A ce titre, tout Gabonais peut donc postuler à diriger ses compatriotes pourvu qu’il réponde aux critères édictés par les lois. Cependant, il y a fort à parier que parmi cette foultitude de candidatures, il y en a quand même que de nombreux Gabonais qualifient de fantaisistes, pour ne pas dire que ce sont des plaisantins. Et la Cnocer a bien fait de les passer à ce premier tamis pour ne pas encombrer inutilement une liste déjà trop longue de candidats pour une population d’à peine deux millions d’habitants, pour un électorat d’à peine 900 000 votants !
Car dans cette liste figure un épouvantail, un redoutable, le président de la transition, le putschiste Oligui Nguema Brice Clotaire. Tout Gabonais ayant sa jugeote en place, en ce moment, ne devrait même pas songer à se présenter face à un tel adversaire. Pas tant qu’il a un si beau projet de société, pas tant qu’il est un habile et aguerri politicien sorti de la Sorbonne ou qu’il est un grand et brillant tribun… Oligui Nguema jouit d’une telle popularité dans l’opinion que même ses nombreuses bévues n’ont pas réussi à écorner.
Quand des gens sont prêts à mettre leur vie en danger (grève de la faim) pour pousser un homme à se présenter à une élection, c’est dire… Et si, en plus de cela, il est adossé, qu’on le veuille ou qu’on le croie ou pas, à la terrible machine de guerre, pour ne pas dire machine à frauder, qu’est le PDG…, la messe est dite d’avance pour Bilie-by-Nze, le principal challenger, et consorts. Il y a même à se demander si le CTRI n’a pas fabriqué des candidatures fantoches pour donner le change au général.
De toutes les façons, comme disent les Latins, alea jacta est (le sort en est jeté). Reste plus à la Cnocer que de faire un travail propre, car on ose croire que Bilie-by-Nze, Essingone Lapensée, Iloko Boussengui, Oligui Nguema et tous les autres recalés ne visent tous qu’un seul but : tout faire pour que les Gabonais soient heureux dans leur pays.