L’administrateur provisoire de la SEEG (à gauche) et le directeur des opérations Karpowership pour disposer d’une énergie fiable et accessible après la signature de la convention.

Par GPJN

Le chiffre du jour : 1,8 milliard de FCFA. C’est la somme que l’État gabonais débourse chaque mois pour le raccordement des installations de la Société d’Énergie et d’Eau du Gabon (SEEG). Une facture astronomique qui pose une question fondamentale : pourquoi continuer à investir de telles sommes dans un monopole, alors qu’une alternative publique ou semi-publique pourrait être mise en place pour stimuler la concurrence et réduire les coûts pour les citoyens ?

Une dépendance financière injustifiée: Le secteur de l’eau et de l’électricité au Gabon est dominé par la SEEG, une société historiquement contrôlée par des capitaux privés et qui peine pourtant à répondre efficacement aux besoins des consommateurs. Coupures récurrentes, surfacturation, maintenance approximative : les plaintes des usagers ne cessent de croître. Pourtant, au lieu d’investir dans des infrastructures permettant de créer un concurrent public à la SEEG, l’État continue de débourser des milliards pour maintenir ce système défaillant.

Avec 1,8 milliard de FCFA par mois, c’est près de 21,6 milliards de FCFA par an qui sont injectés dans le raccordement des installations. Une somme qui pourrait financer la construction d’une société nationale d’énergie et d’eau, capable d’assurer une couverture plus large, une tarification plus équitable et une meilleure qualité de service.

Un monopole qui asphyxie les consommateurs: L’un des grands problèmes du modèle économique actuel repose sur le manque de concurrence. La SEEG bénéficie d’une position dominante qui lui permet d’imposer ses prix et ses conditions, sans véritable pression pour améliorer ses services. Dans de nombreux pays, la concurrence dans le secteur de l’énergie a permis une baisse significative des coûts et une amélioration des prestations.

Pourquoi le Gabon ne suivrait-il pas cet exemple ? Créer une société publique ou une entreprise mixte viendrait non seulement contester le monopole de la SEEG, mais aussi forcer l’amélioration des services. L’expérience a montré que lorsqu’une entreprise fait face à un concurrent sérieux, elle est obligée d’innover, de rationaliser ses coûts et d’offrir des tarifs plus compétitifs.

Le choix stratégique du CTRI : réformer ou persister dans l’inefficacité ? Avec la transition en cours sous la présidence du général Brice Clotaire Oligui Nguema et du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI), l’heure est aux réformes profondes. Le secteur de l’énergie et de l’eau devrait être en tête des priorités, car il conditionne aussi bien le développement économique que le bien-être des populations.

Si l’objectif du CTRI est réellement de refonder les bases économiques du Gabon, alors il est impératif d’investir intelligemment l’argent public. Créer une société nationale alternative permettrait de :

  1. Réduire la dépendance financière à la SEEG et mieux maîtriser les coûts d’exploitation.
  2. Améliorer la qualité des services pour les ménages et les entreprises.
  3. Promouvoir une gestion plus transparente des fonds publics, au lieu de subventionner indirectement une entreprise qui peine à répondre aux attentes des usagers.
  4. Encourager l’innovation et les énergies renouvelables, en développant des solutions alternatives comme l’énergie solaire et hydroélectrique.

Un appel à la volonté politique: La question n’est donc pas de savoir si une alternative est possible, mais plutôt si la volonté politique existe pour la mettre en œuvre. Les milliards de FCFA engloutis chaque année dans un système défaillant doivent être réorientés vers une stratégie de développement durable et concurrentielle.

Il est temps pour les autorités de prendre leurs responsabilités et de rompre avec les choix économiques irrationnels qui pénalisent le contribuable gabonais. La transition en cours doit être l’occasion d’une refonte en profondeur du modèle économique du pays, en mettant fin aux rentes et en favorisant un service public efficace et accessible à tous.

L’avenir énergétique et hydraulique du Gabon ne peut se construire sur la perpétuation des erreurs du passé !

Nos images: Le ministre de l’Energie (1) et le ministre de l’Economie (2) signant la convention.

Share.
Leave A Reply

Exit mobile version
Autoriser les notifications OK Non merci