Les membres du collectif lors de la lecture du communiqué par le le Docteur Patrick Mbavu.
Par Annie Mapangou
Le Collectif des Médecins et Pharmaciens (COLL – MP7) affectés depuis le 07 octobre 2024 au sein des structures nationales, ont, à travers un communiqué de presse, dont une copie a été transmise à notre rédaction, dénoncé une situation qui menace l’efficacité du système de santé gabonais, ce lundi 03 février 2025, au Centre hospitalier universitaire de Libreville (CHUL).
Le but de ce communiqué est d’informer l’opinion publique ainsi que les autorités du pays, en tête desquelles, le président de la Transition, le général de brigade, Brice Clotaire Oligui Nguema de la situation préoccupante que les membres dudit Collectif vivent depuis leur affectation au sein des structures sanitaires sur l’ensemble du territoire national.
Le Coordinateur du COLL – MP7, le Docteur Patrick Mbavu a, dans son propos relevé que l’arrêté ministériel N° 001551/MS/SG/DCRH du 07 octobre 2024 portant affectation de près de 200 médecins et pharmaciens, a permis de renforcer les capacités sanitaires dans plusieurs localités du pays. «Certains d’entre nous ont été déployés dans des zones où il n’y avait jusqu’alors aucun médecin et/ou pharmacien, contribuant ainsi à l’amélioration des soins de santé en milieu rural. »
Le Docteur Patrick Mbavu a indiqué également que : « Bien que l’article 117 de la Loi n° 1/2005 portant Statut Général de la Fonction Publique, dispose que la prise de service ne peut être antérieure à l’obtention du poste Budgétaire, nous avons choisi de répondre à l’appel de la nation en rejoignant nos Postes d’affectation malgré l’absence de matricules et de postes budgétaires. »
Toutefois, ces Médecins et Pharmaciens sont allés à leurs différents postes d’affectation sans demande de garantie, car ils ont fait confiance d’une part à leurs institutions, notamment les ministères de la Santé, de la Fonction Publique et du Budget, est sans équivoque, et le demeure jusqu’à présent. Et d’autre part, la promesse de 400 postes budgétaires par le président de la transition le 07 juin 2024, au cours de la cérémonie de remise des diplômes à la 42ème promotion des médecins et à la 7ème promotion des pharmaciens de l’Université des Sciences de la Santé (USS), dont il est d’ailleurs le parrain.
Le Coordinateur de ce Collectif n’a pas manqué de faire remarquer trois points majeurs de la situation qu’ils traversent en ne percevant aucun salaire. Il a ainsi dit : « Au bout de plusieurs mois de travail, nous avons fini par déchanter devant le constat suivant : Nos matricules et postes budgétaires ne nous ont toujours pas été attribués ; Les conditions de travail et de vie sont très difficiles dans certaines localités, où les médecins dorment dans des chambres d’hôpital, se ravitaillent en eau à des pompes publiques, où on évacue les patients en taxi faute d’ambulance, etc. ; Il n’existait aucun suivi ni communication avec nos autorités de tutelle jusqu’à très récemment, où une séance de travail a été requise le 31 janvier 2025 par le Ministre de la Santé. »
« Si comme nous l’a toujours rappelé le Ministre de la Santé, la médecine est avant tout un sacerdoce et que nous avons prêté serment, il est nécessaire de rappeler que cela est rendu compliqué par la non perception de notre dû, chaque ouvrier méritant son salaire. », a-t-il ajouté.
C’est au regard des situations qu’ils vivent au quotidien et en dépit de toute la bonne volonté du monde que ces membres ont presque atteint leurs limites non seulement financières, mais également psychologiques et physiques. Qu’ils ont décidés de revendiquer leurs salaires tout en incluant bien évidemment les rappels des mois de travail antérieurs.
Le Docteur Patrick Mbavu a tenu a expliquer pourquoi ils ont décidé de faire ce communiqué de presse : « Si nous faisons cette adresse aux médias et au public, c’est parce que jusqu’au 31 janvier 2025 nous avions épuisé toutes les voies normales de recours et avons continué d’ailleurs à le faire en effectuant parfois des tâches qui ne nous incombent pas pour prouver notre bonne volonté et notre sens du devoir : nous avons finalement été reçus par le ministre de la Santé à ladite date. Cette adresse est également motivée par le souhait de tenir l’opinion publique à témoin. »
Mais, cette situation défectueuse, n’a pas seulement comme acteur, les Médecins et les Pharmaciens. A cela s’ajoute aussi les techniciens supérieurs et ingénieurs en maintenance biomédicale affectés en novembre 2024 selon l’arrêté N° 001802/MS/SG/DCRH, qui vivent les mêmes réalités.
Ce Collectif espère une résolution rapide et efficace de cette situation pour tout le personnel médical concerné de la part des autorités.
Le Docteur Patrick Mbavu a tenu à indiquer ce qu’ils préconisent en cas d’absence d’avancées concrètes : « Si aucune avancée concrète n’est obtenue, nous solliciterons une rencontre avec nos autorités de tutelle dans un mouvement pacifique, et ce devant les médias pour prendre à témoin l’opinion publique. Si nous n’obtenons quand-même pas satisfaction en dépit de tout cela, nous entrevoyons à contrecœur la possibilité d’un retrait collectif de nos postes d’affectation jusqu’à obtention effective et définitive de nos matricules et postes Budgétaires. »
Cependant, ils ne souhaitent pas que les choses en arrivent à cette étape désastreuse. Mais, aujourd’hui, il est devenu extrêmement difficile pour eux de continuer à travailler sans aucune ressource au détriment de leur bien-être ainsi que de ceux de leur famille.
Notons que ces affectations ont donné un espoir immense aux populations de l’intérieur du pays, marquant l’impact des mesures salutaires prises par le Président de la République dans le domaine de la santé. Malheureusement, les réalités révèlent une situation scabreuse vécue par le personnel de santé.