Libreville a accueilli du 29 mai au 1er juin, la deuxième édition du Festival des Femmes artistes de tous bords, en provenance de la Centrafrique, du Congo Brazzaville, du Togo et bien entendu du Gabon. L’artiste conteuse de renom, Fati Fousseni (Togo), fait le point de sa participation. Elle se félicite de la bonne tenue du rendez-vous, avec le savoir-faire de la directrice du RIFA, Arlette Maganga, l’implication des jeunes générations de conteuses. Tout en remerciant les autorités gabonaises et l’Ambassade du Togo au Gabon, la Top des tops du conte africain souhaiterait l’implication de nos Etats pour la survie des activités des artistes conteuses et autres artistes au féminin.

Propos recueillis 

par Aryse Nguema

 Question: Que retenir de votre participation à la 2e édition du Festival RIFA, qui vient de se tenir à Libreville ?

Réponse (Fati Fousseni): – Pour moi, participer au Rifa est un honneur. C’est un plaisir de rencontrer les femmes artistes, de partager, d’apprendre de l’autre. A Libreville, c’était un rendez-vous du donner et de recevoir très enrichissant.

L’année dernière j’étais déjà ici. Cette année, je suis de retour.  Au niveau organisationnel, le festival a connu une réussite totale. J’ai vu le festival s’envoler comme un oiseau, un épervier en l’air. Je suis m’émue. Cela  me donne la joie au cœur.

La rencontre internationale des femmes artistes, est un festival qui a de l’avenir. Le travail est fait avec la jeunesse. Un festival qui va avec la jeunesse, fait la transmission. Quand quelqu’un fait la transmission, c’est qu’il prépare son avenir. Il prépare sa transmission. Il tend la main, transmet sa connaissance à cette nouvelle génération.

J’ai remarqué en ces jeunes qu’ils avaient vraiment envie. Chacun prenait le festival comme un engagement personnel devant produire des résultats. J’ai senti que tout le monde se battait pour donner le meilleur de lui-même. C’est la belle illustration que je retiens, au moment de rentrer sur Lomé.

Je pense que c’est grâce à la directrice du Festival, Alette Maganga, qui a su les amener, qu’elles se sont  données à fond. C’est ce qui a permis la réussite à ce Festival.

Q.: Que pensez-vous de ce genre de rencontres d’artistes du continent africain ? Au regard du Festival de Libreville, que peut-on améliorer, pour donner une autre dimension à l’événement ?

R.: -Ce festival mérite un soutien. Un soutien qui va lui permettre de se valoriser plus, de partager, de ne pas s’arrêter à Libreville selement ;  d’aller dans d’autres provinces, dans d’autres villes.

Prouver qu’entre femmes, on peut travailler ensemble: les femmes artistes, artisanes.  Ensemble, elles peuvent contribuer au développement d’un pays. C’est pays, le Gabon qui gagne. C’est l’Afrique qui gagne. C’est le monde qui gagne, quand une femme est épanouie.

Le festival de Libreville a besoin de soutien, pour organiser plus d’ateliers, améliorer encore  les  connaissances des artistes, pour mieux le gérer.

Sincèrement je dis bravo à toutes les personnes qui ont cru en la femme ; à toutes les femmes. On dit que mettre les femmes ensembles, c’est compliqué. Faire rencontrer les femmes de tout bord et que tout se passe bien comme cela a été le cas, extraordinaire. Arlette Maganga est dynamique. C’est à elle qu’il faut vraiment donner la main, pour qu’elle puisse encore aller de l’avant.

Q.: On nous a informés sur le rendez-vous des artistes dont vous êtes la promotrice à Lomé. Parlez-nous-en un peu?

R.: J’ai un Festival à Lomé. Il sera à sa onzième édition d’ici fin juillet ou début août prochain. C’est le festival «La Voix des Reines». Il n’accueille que les femmes artistes, les femmes de la chanson, conteuses, du théâtre, slameuse, de tout bord, etc. On accueille toutes les femmes qui Eportent l’art dans leur corps, dans leurs veines. Elles seront les bienvenues.

Cette rencontre ne réunit que les femmes de plusieurs pays l’Afrique de l’Ouest, d’Europe, de l’Afrique centrale. Je peux dire que c’est au cours de ce festival, qu’est née RIFA.

En lançant «Les Voix des Reines» en 2012, c’était d’arriver à la promotion des femmes. D’Arriver à réunir les femmes, les mettre ensemble. A partir de celui-ci. Il y a des femmes  qui ont réussi à créer leur festival. C’est le cas du Bénin, du Gabon et bien d’autres pays.

UN RESEAU DE FEMMES PORTEUSES D’EVENEMENTS: Nous devenons un réseau de femmes porteuses d’évènements. Et c’était le but visé en créant «La Voix des Reines».

Nous sommes huit ou dix, à porter chacune  son festival dans son pays. Mon idée, c’était qu’on arrive à faire des caravanes. C’est-à-dire, quand tu viens à mon festival, tu sais que dès que c’est fini, tu vas te rendre  Benin, au Burkina, en Côte d’ivoire, l’Afrique de l’Ouest, pour assister à un autre festival, ensuite on vient à Libreville, puis au Congo-Brazzaville, au Cameroun,  au Tchad aussi, qui s’est joint à nous.

C’était le but, de faire la caravane à partir des dates de nos festivals des femmes porteuses d’évènements, qui nous permettaient à chacune de bouger en venant soutenir le festival de l’autre.

Q.: Comment entrevoyez-vous votre avenir en tant qu’artiste?

R.: –Pour ma carrière, cela fait aujourd’hui vingt ans que je suis dans les Contes. Maintenant, c’est l’heure la transmission; de former la nouvelle génération ; de transmettre mon savoir aux jeunes du Togo et ailleurs, d’animer les ateliers ; d’apprendre aux gens à dire des contes. C’est comme ça, que je vois mon art. Protéger cette tradition oratoire qu’est le  conte en Afrique, qui est le conte.

Q.: Et pour terminer ?

R.: – Je dis merci. Quand je suis arrivé ici, j’ai vu des conteuses, la nouvelle génération aussi. Quand je vais dans les autres pays aussi. Je vois que les nouvelles gèlent. Ce n’est pas facile, nous n’avons pas de financement, on n’est pas soutenu par nos pays. C’est difficile. On dirait que nous sommes ligotées. Mais on se bat, on fait avec nos moyens de bord.

Je pense que le résultat est là, quand je vois la  jeunesse  qui s’intéresse aux contes, les enfants malgré la TV, l’internet, tous ces fléaux-là qui bloquent le conte, on tient toujours. On s’intéresse à nous. Je le dis bravo quoi.

Je dis merci à tous ceux qui sont ici à Libreville, sans oublier ceux de Lomé.

 

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