Les exposants ont édifié le public venu nombreux sur la place et le rôle des archives.

Par Annie Mapangou

 La Direction générale des Archives nationales de la Bibliothèque nationale et de la documentation gabonaise (DGABD), en partenariat avec ARCHIGED Gabon ont organisé ce 11 juin 2025, une grande conférence sous l’égide de la semaine internationale des archives, sous le thème : « Les archives accessibles à tous » à l’Institut Universitaire des Sciences de l’Organisation (IUSO), en présence des travailleurs et des étudiants.

La Journée internationale des Archives  est une Journée mondiale consacrée à la promotion des archives et à la profession d’archiviste. C’est un moment de réflexion  dans le cadre du Gabon.

Cette conférence sur les archives dans l’administration gabonaise avait pour objectif d’attirer l’attention des décideurs. Parce que si la hiérarchie n’est pas convaincue du changement, le changement ne se fera pas seul par le bas. Donc, c’était une façon lancer un appel à ceux qui gouvernent le pays que les archives sont une partie très importante d’une nation. Parce qu’elles servent de preuves, en plus, elles permettent aux administrés de reconnaître leurs droits, de les faire assumer et elles servent aussi pour la jeunesse qui profite de ce patrimoine.

Il est impératif, plus qu’urgent pour les  gouvernants de prendre un certain nombre de mesures, de décisions qui vont réinstaurer la gestion de l’information dans notre pays.

Les textes législatifs et réglementaires en vigueur sont : Loi N°009/2006 du 19 octobre 2006 relative aux Archives, organise les archives, les protège et en réglemente les accès – Décret N°0670/PR/PM du 16 mai 2011, portant réorganisation de la Direction Générale des Archives nationales, de la Bibliothèque nationale et de la documentation gabonaise – Décret N°0017/PR/MJGSDHRIC, portant création  et organisation d’une Direction générale des archives et de la documentation dans les ministères.

Le Directeur général de l’IUSO Aristide Edzegue nous a édifiés sur le choix de l’établissement dont il a la charge pour abriter cette conférence: « Il faut dire que nous sommes un service qui a une mission publique. L’Etat nous a donné pour mission de former un ensemble d’étudiants dans le cadre des Sciences et de l’organisation. Et, dans ces Sciences de l’organisation, nous avons le domaine d’archivage et de la documentation. L’IUSO forme dans trois niveaux : BAC+2, BAC+3 et BAC+5. Donc, DUT, Licence et Master dans le domaine d’archivage et de la documentation. Bien sûr, il existe d’autres filières…

«Notre établissement accueil cet évènement, parce que non seulement nous sommes dans un contexte global qu’il faut analyser autour des évènements du 30 août qui nous ont conduit jusqu’à la cinquième République et il y a une notion essentielle qui a été développée, c’est la restauration des institutions. On restaure les institutions pas seulement parce qu’on construit les nouveaux bâtiments, pas parce qu’on veut reformer les institutions mais aussi on doit accompagner par la mémoire de ces institutions. Et cette mémoire des institutions, il y a un domaine de compétences qui n’a pas été suffisamment valorisé, qui doit être restauré et valorisé et, reconsidéré. Il s’agit notamment du domaine de l’archivage et de la documentation.»

Un besoin urgent de 600.000 personnes : Par rapport à la considération des archives, il a dit : « Si on s’appuie sur les textes, le Gabon est un pionnier. Dès l’accession à notre l’indépendance, il y a eu un certain nombre de textes réglementaires qui permettent de gérer nos archives au Gabon. Seulement au niveau de la réflexion, au niveau de l’élaboration des textes, tout est nickel. C’est la mise en œuvre de ces textes qui posent problème. Cette mise en œuvre qui pourrait consolider, renforcer les capacités de nos administrations à gérer la mémoire de leurs administration parce que l’administration est une continuité. Et lorsqu’il y a rupture, il est claire que le problème n’est pas souvent au niveau des hommes, le problème est au niveau de l’accès à ces archives. Nous encourageons les jeunes à se spécialiser dans ce domaines parce qu’il y a un fort besoin. Il y a un besoin urgent de 600.000 personnes qui doivent être récupéré directement par l’administration publique pour gérer nos archives. »

Roger Mboumba Mbina, Docteur en histoire des civilisations, Ingénieur documentaliste, Directeur général de la DGABD a indiqué que:« C’est un service support créé en même temps que les Directeur centraux des ressources humaines (DCRH), les Directeurs centraux des Affaires Financiers (DCAF) et autres mais qui tardent à être mis en exécution par la simple volonté de ceux qui gèrent les ministères. Il est temps qu’on organise correctement nos archives pour éviter les déboires de Mbanié, pour éviter les situations comme celles de Plaine-Orety où on peine à trouver que les populations ont été indemnisées. Si les archives étaient bien organisées on n’aurait pas eu trop de mal à sortir ces listes-là pour qu’enfin la décision du service public de l’Etat s’applique dans toute sa rigueur. »

Le Directeur général de la DGABD a également suggéré la création d’une institution pour palier à ce handicap : « le rôle du Conseil national des archives ou de la Haute autorité des archives serait de s’assurer que les textes qui sont pris dans le domaine des archives sont effectivement appliqués et, il y a des dispositions pénales pour quiconque irait à l’encontre de certains articles de ce texte. Donc, il viendrait contraindre les contrevenants. »

Stéphane Lekabangoye, Archiviste, Documentaliste, Fondateur-Directeur général ARCHIGED GABON a précisé que : « L’archivage c’est un métier à part entière que beaucoup de décideurs aujourd’hui n’ont toujours pas compris. C’est un métier à part entière comme la comptabilité, comme le juridique. C’est une science normée… Archives publiques et privées c’est asymétrie donc, le même problème, le même constat qui est fait éventuellement dans le secteur public, c’est le même constat dans les entreprises privées au Gabon… Un document qui est mal classé est considéré comme un document perdu. Par conséquent, il peut y avoir des conséquences atroces. »

ARCHIGED GABON est une entreprise spécialisée dans la gestion d’archives physiques et numériques et dans la digitalisation des entreprises. Elle a été le 19 février 2019 pour accompagner les institutions et entreprises de toutes tailles et de tous secteurs d’activités.

Signalons qu’au Gabon, ce métier est encore méprisé. Mais il suffit de faire de la pédagogie et de se mettre au travail car, beaucoup d’entreprises sont en train de reconsidérer la gestion de leurs archives. Les archives sont un patrimoine qui doit être conservé car cela fait partie de la culture. Et la culture constitue un patrimoine. L’archivage n’est pas un coût inutile, c’est un investissement qui fait gagner. Il est préférable de recruter, de mettre à des postes des archivistes de formation et non pas parachuter des agents/employés parce qu’on veut punir une personne, on prend le service d’archives comme un lieu carcéral.

Roger Mboumba Mbina, Directeur général de la DGABD (1), lors de sa présentation devant une forte assistance (2).

Share.
Leave A Reply

Exit mobile version
Autoriser les notifications OK Non merci