Actuellement à Libreville, après six années d’absence, Christian Alex Nkombengnondo, l’Homme d’affaires, consultant en droits de l’homme, Activiste Gabonais pour les droits de l’homme, bonne gouvernance et la démocratie. Il est membre du GDDHR et du mouvement pour un Gabon fort. L’ancien capitaine de l’équipe nationale les Panthères du Taekwondo, a bien voulu accorder une interview à notre journal Tendance Gabon.

Il parle du libre retour au pays des Gabonais de la  diaspora, suite à l’appel des plus hautes autorités, de l’organisation qui est la leur, pour apporter un plus à l’Etat, comme le font déjà aussi les Sénégalais, Ivoiriens, Nigérians, Maliens, et autres de l’étranger pour leurs Nations respectives. Invitant, en passant, les jeunes à embrasser l’entrepreneuriat, qui est la source de développement d’un pays.

Question: Qu’est-ce qui explique votre présence actuelle au pays, quand on sait que vous êtes activiste ? Au Gabon les activistes n’ont pas bonne presse !

Christian Alex Nkombengnondo: -J’ai commencé à revenir au Gabon depuis décembre dernier. J’ai tenu compte d’un message qui avait été publié, et à travers lequel l’on voulait que les gens de la diaspora rentrent au pays. J’ai pris mon courage à deux mains et je suis venu.

Dernièrement, la Vice-présidente de la République, Mme Rose Christiane Ossouka Raponda, accompagnée de certaines personnalités dont le Haut-Commissaire Michel Essonghe, le ministre des Affaires Etrangères, le Directeur général de la SNI, etc, lors d’une tournée aux Etats-Unis d’Amérique (USA), ils ont officiellement dit que le Gabon attendait  ses fils. Qu’il n’y avait pas de problème et que personne ne sera inquiété. Elle nous a demandé de nous fonder en Conseil des Gabonais des USA. Aujourd’hui, je suis venu à Libreville et je ne suis pas inquiété.

L’activiste donne l’image d’une personne irrespectueuse, qui insulte, invective, etc. Je ne suis pas dans ce couloir-là.

Je suis membre du GDDHR, qui défend les droits de l’homme, la démocratie et la bonne gouvernance, et du mouvement pour un Gabon fort.

Je pense que c’est bien de dénoncer, de revendiquer ses droits. Mais pas oublier qu’en le faisant, il ne faut pas violer les droits de l’autre. Sinon, on devient comme ceux qui nous oppressent. Il faut respecter son adversaire. Cela doit rester un débat d’idées et non personnel ! Je suis dans ce  genre de positionnement.

Quand je regarde toutes les lamentations. En venant maintenant, il y a un rideau qui s’est ouvert quant à l’extérieur, parce que j’ai fait six ans sans plus venir ici. De l’extérieur on n’a pas la réalité du pays. De l’extérieur, l’on pense que tout est noire au pays ! Or, il y a aussi des choses positives.

Q : Qu’est-ce que vous comptez apporter dans l’immédiat ?

R. : -Dans l’immédiat, j’ai beaucoup travaillé sur ma spécificité, ma spécialisation, mon modèle de Communication. C’est le développement personnel. C’est le changement du «my self». Nous avons certaines programmations qu’il faut changer.

J’organise beaucoup de Master-class sur le développement personnel. Je parle beaucoup des mentalités qu’il faut changer. Je parle aussi de la gabonisation des emplois, des entreprises ou de la vision, sans me mettre dans une position où les autres sont les ennemis, xénophobes ou l’afro-phobie.

Je ne suis pas dans l’afro-phobie, qui voudrait dire qu’on déteste les autres Africains ! C’est simplement, comme cela se fait dans la plupart des pays au monde, on peut protéger un certain nombre d’emplois, secteurs pour les nationaux. On le fait déjà aux USA, en France, etc. Nous avons des droits et des devoirs de part et d’autres, l’Etat comme chaque citoyen. Je voudrais surtout travailler nos mentalités et agir maintenant.

Nous avons beaucoup parlé dans ce pays, sans agir. Je viens dans un élan d’Américain et non européen. L’Américain, c’est «let doing». Quand tu es concret, les gens te suivent, touchent ce qui est palpable.

Les gens voient que c’est possible. Or, on est resté un peu dans la négativité, pessimiste. Je pense qu’on ne combat pas l’obscurité avec l’obscurité, mais avec la lumière et l’espoir. Si les gens sont dans le désespoir on ne doit pas venir les désespérer. On doit leur redonner de l’espoir. C’est ce que j’essaye de faire, avec certains de mes camarades avec qui nous avons la même vision. On essaye de lever les fonds, de faire les affaires.

Nous sommes un peu sur les médias. On parle un peu de moi. Je ne suis pas seul. J’ai des gens derrière. Je suis juste celui qui est devant. J’ai commencé et ils sont venus me soutenir. Dans la diaspora, il y aussi ceux ne sont pas d’accord avec nous. Il y en a qui sont contre nous ; nous traitant même de vendus, parce que nous travaillons avec le pouvoir, parce que nous n’insultons pas, etc.

Je me souviens de quelqu’un comme Pierre Mamboundou. Il a été l’un des politiciens gabonais les plus féroces. Mais il n’a jamais insulté quelqu’un. Il était respectable et respectueux, cohérent, objectif. C’est quelqu’un qui était cérébral. Il parlait avec argument sur argument, des chiffres. Aujourd’hui vous avez des gens qui ne font pas la politique, mais qui parlent avec les chiffres.

Q: Actuellement on parle de 40 000  jeunes au chômage au Gabon. La plupart pensent que travailler, c’est être sous les bottes de l’Etat. Pensez-vous que l’entrepreneuriat pourrait être la voie idéale pour sortir de cette situation ?

R. :-Je pense que l’entrepreneuriat est la voie pour développer un pays. Un pays qui se dit émergent, un pays qui veut bâtir  à partir de ses terres. C’est un pays qui doit tout faire pour s’investir dans le capital humain. Tout faire pour investir sur ses entrepreneurs. Aujourd’hui ce sont les entrepreneurs qui font les pays.

Les USA doivent tout aux entrepreneurs. Quand on parle de Bill Gatt, Facebook, Amazone, etc., ce sont les entrepreneurs. Ce sont eux qui financent les politiques publiques.

On confond ici ce qu’est entreprendre. On pense qu’entreprendre, c’est juste se faire de l’argent. Or, entreprendre, c’est être au cœur du développement de son pays. C’est cela entreprendre.

Q.: Qu’attendez-vous de l’Etat, au regard des actions que vous menez localement ?

R.: -C’est d’encourager les Gabonais dans l’entrepreneuriat. Depuis les USA je mène ce combat avec des camarades. Nous sommes assez nombreux. Nous avons organisé l’année dernière, la première journée des entrepreneurs gabonais. Nous avons mis en place un mémorandum où nous avons pointé certains faits que nous vivons dans la diaspora et nous avons demandé à l’Etat de réagir.

 Les autres nations comme la Cote d’Ivoire, le Nigeria, le Sénégal, le Mali, le Ghana, n’ont pas eu des entrepreneurs, genre providentiel comme ça, non. Il y a  eu un mécanisme qui a été mis en place. Il y a eu d’abord des revendications, ensuite ils se sont organisés, sont allés vers l’Etat. Aujourd’hui ils ont, par exemple, la Direction générale de la Diaspora sénégalaise. Imaginez des leviers qui travaillent avec l’Etat. C’est pourquoi les Sénégalais sont capables de contribuer au budget de l’Etat avec un milliard de FCFA.

Mais nous, au Gabon aujourd’hui, ce n’est pas encore le cas. Sur le plan économique nous sommes la diaspora la moins outillée. On n’est pas représentatif. Mais, il faut que ça change, parce que nous avons assez de talents à l’extérieur. Il faut que l’on change nos mentalités, même à l’extérieur.

On nous a trop habitué à dire «quand tu as de l’argent, caches-toi». C’est même une sorte de psychose sociale qui nous empêche même de réussir. Quand on t’a dit qu’il faut que tu te caches ; tu ne peux pas être un entrepreneur patent et te cacher !

Q.: Et pour terminer ?

R. : -Mon souhait, ce serait  la libéralisation de l’entrepreneuriat. Il faudrait que le Gouvernement laisse les Gabonais s’exprimer dans l’entrepreneuriat. J’ose espérer que cela ne reste qu’un mythe qu’aujourd’hui, qu’on dise qu’un Gabonais ne peut pas faire ceci cela. Si tu fais ceci on va te l’empêcher.

Moi, à mon niveau j’ai toujours essayé de faire ce que je voulais. Personne n’est venu me dire que ne peux pas faire ça.

J’invite les Gabonais à oser, à se dire que l’échec n’est plus une option. Qu’ils essayent, avant de voir si quelqu’un va les empêcher. Nous faisons l’auto-sabotage, nous-mêmes. C’est culturel, c’est devenu «kongossa» !

Il y a des Gabonais qui vivent aisément, sans la politique, qui osent et qui s’en sortent. Donc osons, l’échec n’est qu’une option.

Propos recueillis par

Jean-Daniel FOTSO-EYI

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