Linda Bongo Ondimba, en dépit du sourire retrouvé ici, sa très récente promotion suscite moult questions dans la mesure où elle a été suspendue pour cinq ans, en juillet 2024!
Par Georges Patrick Junior Nzamba
La récente nomination de Linda Bongo Ondimba au poste de substitut général à la Cour d’appel de Libreville, après avoir été suspendue pour cinq ans en juillet 2024, fait couler beaucoup d’encre et salive. Mieux le sujet est dans toutes les conversations dans les salons feutrés de Libreville. La promue qui applique une règle bien connue dans le milieu judiciaire et dans l’administration : «l’obligation de réserves », n’a pas dit un seul mot. Même le jour des installations, elle n’a pas soufflé un mot. Restant muette comme une carpe.
Alors que cette décision, prise lors du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) le 14 août 2024, soulève plusieurs questions sur la direction que prend la transition politique au Gabon.
Une nomination qui surprend : Linda Bongo Ondimba, fille de l’ancien Président Omar Bongo, avait été sanctionnée et interdite de nomination jusqu’en 2029. Son retour rapide à un poste influent, quelques semaines seulement après cette sanction, étonne beaucoup d’observateurs. Comment expliquer qu’elle ait pu être réhabilitée aussi vite, alors que le pays traverse une phase de transition censée marquer une rupture avec les pratiques du passé ? Aurait-elle bénéficié d’une grâce présidentielle pour la levée de la sanction, non publiée ?
Une transition en quête de crédibilité: Le gouvernement de transition, dirigé par Brice Clotaire Oligui Nguema, a promis de réformer les institutions, notamment la justice, pour restaurer la confiance du peuple. Pourtant, cette nomination pourrait donner l’impression que les vieilles habitudes persistent. Linda Bongo reste une figure influente de l’ancien régime, et son retour si rapide pourrait être perçu comme une continuité plutôt qu’un véritable changement.
Le défi pour le gouvernement est donc de prouver que cette transition vise réellement à renouveler les pratiques politiques et judiciaires, et non à protéger certaines élites proches du pouvoir. Si la réhabilitation de Linda Bongo Ondimba est perçue comme une manœuvre politique, cela risque de fragiliser la confiance dans le processus de transition.
Un enjeu de justice et d’équité: La question de l’indépendance de la justice est au cœur des préoccupations. En nommant Linda Bongo Ondimba à ce poste stratégique, le gouvernement de transition risque de donner l’impression que la justice n’est pas encore totalement libre de toute influence politique. Ce retour à la Cour d’appel pourrait ainsi être interprété comme un signe que certaines personnes bénéficient toujours de privilèges, malgré les discours sur la rupture avec l’ancien régime!
La confiance du peuple en jeu : Pour de nombreux Gabonais, la transition représente l’espoir d’un renouveau, avec des institutions plus justes, plus transparentes et plus accessibles. Pourtant, cette nomination peut renforcer l’idée que peu de choses ont changé en profondeur. La réhabilitation de Linda Bongo Ondimba, malgré ses sanctions antérieures, peut être vue comme un retour à la case départ, où des personnes proches du pouvoir continuent de dominer les postes clés.
Le véritable enjeu est donc la crédibilité du processus de transition. Le gouvernement de transition devra prouver, par des actes concrets, qu’il est réellement engagé à réformer le système judiciaire, en évitant de nommer des personnalités controversées ou liées à l’ancien régime. La nomination de Linda Bongo à la Cour d’appel, malgré une suspension récente, soulève des questions sur la direction que prend la transition gabonaise. Est-ce un choix stratégique pour maintenir un certain équilibre politique, ou un frein aux réformes attendues ? Le gouvernement de transition devra montrer clairement ses intentions s’il veut restaurer la confiance des Gabonais et prouver que le renouveau annoncé est bien réel, et non une simple continuité déguisée !