Par Annie Mapangou

Le Syndicat des entreprises technologiques du Gabon (TECH 241) a organisé le Brunch Connect X Finance, ce mardi 17 décembre 2024, à l’hôtel Luxury, sous le thème : « Financer l’innovation technologique au Gabon », en présence du ministre de l’économie numérique et des nouvelles technologies, des représentants de la Vice-primature, des investisseurs, des partenaires, des sponsors et des membres de la TECH 241.

Cette rencontre incontournable a rassemblé les startups technologiques visionnaires, investisseurs engagés pour l’innovation et acteurs clés du financement de l’économie numérique. TECH 241 est une association qui fédère et dynamise l’écosystème des entreprises technologiques du Gabon.

Le ministre de l’économie numérique et des nouvelles technologies de l’information, le général de brigade, Bonjean Rodrigue Mbanza a dit dans son allocution circonstancielle que : « Ce sujet est au cœur des préoccupations des plus hautes autorités… Je tiens donc à saluer à présent tous les acteurs de l’écosystème du numérique au Gabon mais aussi l’engagement du Syndicat des entreprises technologiques du Gabon pour le soutien apporté à l’écosystème entrepreneuriale… »

Poursuivant son propos, il a indiqué que : « Le gouvernement a pris ces mesures fortes, permettant ainsi aux Petites et moyennes entreprises de bénéficier des finances de marchés publics d’une valeur minimale de 150 millions de francs CFA. Toutefois, pour mobiliser plus de financement il est indispensable que les startups s’attèlent à lever un certain nombre de freins qui entravent l’accès au financement. On peut entre autres citer la faiblesse de structuration en terme de projet, l’inadéquation entre les projets du marché et les solutions proposées, la capacité à se fédérer, à se regrouper en consortium pour conquérir des marchés importants. L’essor de l’innovation technologique au Gabon peut être encore accéléré grâce à l’intervention d’investisseurs étrangers. Et c’est précisément pour cela que l’organisation d’événement comme celui-ci est crucial. Ce sera un moment d’échanges pour mieux informer les acteurs sur les mécanismes de financement disponibles et souligner l’intérêt des investisseurs tant locaux qu’internationaux pour notre écosystème. »

Dans le cadre de l’accompagnement, l’État a mis en place 2 structures : la Société d’incubation numérique du Gabon (SING) qui joue un rôle important dans la mobilisation de financement direct des startups mais également le Centre gabonais d’innovation qui se veut être un catalyseur national d’innovation technologique.

Le président du Syndicat des entreprises technologiques du Gabon (TECH 241), Loic Kapitho, a pour sa part dit dans son discours que : «  En Afrique, le financement de l’innovation est un moteur essentiel de croissance. Pourtant, le contraste est saisissant entre les différentes régions : alors que les startups africaines ont levé plus de 6 milliards de dollars, en 2023, moins de 10% de ces fonds ont bénéficié à l’Afrique francophone. »

Le président de ce Syndicat s’est également prononcé sur la situation de l’Afrique centrale. « Dans la zone CEMAC, ce retard est accentué par une surabondance de liquidités dormantes. À titre d’exemple, les dépôts bancaires dans la sous-région représentent près de 9 000 milliards de francs CFA, mais l’accès au crédit reste limité, avec un taux de financement de l’économie par les banques inférieur à 20 %. Cette inadéquation freine l’innovation et limite les opportunités pour des entrepreneurs pourtant talentueux et ambitieux. »

Il n’a pas manqué d’évoquer les estimations au niveau de l’Afrique. « Il est essentiel aujourd’hui de briser certaines perceptions qui freinent l’engagement des investisseurs, souvent frileux à l’idée de financer l’innovation technologique. Pourtant, les chiffres parlent d’eux-mêmes : le Secteur technologique en Afrique affiche des rendements largement supérieurs aux secteurs traditionnels. Selon des études récentes, les Startups technologiques africaines ont connu une croissance de près de 30 % des investissements annuels sur les cinq dernières années, contre des taux nettement plus faibles dans des secteurs comme l’industrie extractive ou les services classiques. Ce dynamisme s’explique par un modèle d’affaires intrinsèquement scalable : les entreprises tech ne sont pas freinées par les frontières géographiques, mais au contraire, les transcendent. Des success stories telles que Wave en Afrique de l’Ouest ou Paystack au Nigeria, qui a été racheté par Stripe pour 200 millions de dollars, démontrent que des solutions innovantes peuvent rapidement atteindre une échelle continentale, voire mondiale. »

Au regard des circonstances, l’Afrique centrale et francophone accuse un retard en matière d’investissement technologique, il devient urgent de rattraper ce gap et de permettre à nos startups d’atteindre une taille critique.

Le président a affirmé que c’est en Afrique centrale qu’il y a plus d’alignement favorable : « C’est dans cette région, encore sous-exploitée mais riche de potentiel, que réside une opportunité immense. La technologie représente le levier par lequel nous pourrons maximiser la création de valeur ajoutée, y compris dans nos secteurs traditionnels, grâce à la digitalisation et à l’innovation dans les industries extractives et forestières, dans l’agriculture ou la santé… »

Rappelons que TECH 241 a vu le jour l’année dernière et le premier au Gabon avec pour objectif de fédérer les talents, entreprises et institutions du secteur technologique gabonais autour d’une vision commune : celle de propulser notre pays au premier plan de la transformation numérique en Afrique. Aujourd’hui, ce réseau rassemble près de 100 membres, issus de domaines variés : startups en fintech, logistique, edtech, PME en intégration numérique, experts en développement logiciel, Consultants en transformation digitale, entre autres. TECH 241 ambitionne de contribuer à faire du Gabon un pôle d’excellence en matière de technologie, de numérique et de transformation des marchés d’ici 2030.

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