Dans un effort inédit de transparence et d’assainissement des finances publiques, plus de 9 000 fonctionnaires ont été placés sous bons de caisse pour le mois d’octobre. Cette initiative, pilotée par le gouvernement gabonais sous la houlette du Premier ministre, Chef du gouvernement, Raymond Ndong Sima, vise à combattre un phénomène persistant : celui des «fonctionnaires fantômes», ces agents rémunérés par l’État, mais absents de leurs postes ou dont les affectations sont incertaines.

Les autorités ont donc exigé que ces fonctionnaires se rendent au Palais des Sports de Libreville, munis de documents justificatifs, afin de récupérer leurs bons de caisse. Pourtant, malgré l’importance cruciale de l’opération, plus de 2 000 bons de caisse n’ont toujours pas été retirés à ce jour, une situation qui interroge sur le sort réel de ces agents et leur existence même au sein des effectifs de la Fonction publique.

Le 4 novembre dernier, Raymond Ndong Sima s’est personnellement déplacé, pour superviser l’opération. «Nous constatons qu’environ 2 000 bons de caisse n’ont pas été récupérés, alors que nous sommes déjà le 4 du mois. Certes, cette procédure peut être contraignante pour les agents, mais elle est nécessaire pour remettre de l’ordre dans nos finances publiques», a déclaré le Chef du gouvernement.

Il a rappelé que l’objectif premier est de vérifier l’authenticité des fonctionnaires inscrits sur la liste salariale de l’État, une action essentielle pour éviter les dérives budgétaires.

Cette opération, bien qu’elle ait rencontré quelques lenteurs, se présente comme une opportunité de revoir et corriger les irrégularités dans les dossiers administratifs de nombreux agents. «Certains documents présentent de légères anomalies, mais  c’est justement l’occasion de rectifier cela et de s’assurer que chaque agent a un dossier en règle», a affirmé le Premier ministre, refusant toutefois de tirer des conclusions hâtives sur les résultats définitifs de cette campagne de contrôle.

Redonner à la fonction publique sa crédibilité : La question de la gestion des ressources humaines au sein de l’administration publique gabonaise a toujours été source de controverses. La présence de fonctionnaires non affectés ou rémunérés sans justifications claires constitue une ponction budgétaire qui pèse lourdement sur les finances de l’État. Cette initiative du gouvernement, bien que saluée pour sa rigueur, met également en lumière les dysfonctionnements chroniques d’une administration souvent critiquée pour son manque de transparence et son inefficacité.

Pour nombre d’observateurs, cette mise sous bons de caisse pourrait marquer un tournant dans la gestion publique au Gabon. Cependant, elle suscite également des interrogations: que deviennent ces agents qui n’ont pas récupéré leurs bons ? S’agit-il d’absents  pour des raisons légitimes ou de fonctionnaires fictifs? Le gouvernement devra répondre à ces questions cruciales pour regagner la confiance de la population, exaspérée par des années de mauvaise gestion.

Dans les jours à venir, les résultats de cette opération seront scrutés avec attention. Une chose est sûre : la lutte contre les dysfonctionnements de l’administration est loin d’être achevée. Mais en posant un premier jalon avec cette campagne de bons de caisse, l’État gabonais semble enfin décidé à agir pour redonner à la fonction publique sa crédibilité et son efficacité.

 

Par Georges Patrick Junior Nzamba

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